Intervention de S.E.M. l’ambassadeur Christian TER STEPANIAN, Délégué permanent de la République d’Arménie auprès de l’UNESCO à la séance plénière de la 296ème session du Conseil exécutif de l’UNESCO
Madame la Présidente du Conseil exécutif, Monsieur le Président de la Conférence générale, Madame la Directrice générale, Excellences, cher(es) collègues,
Je remercie la Directrice générale pour son rapport.
Je m’arrêterai, tout d’abord, sur la présentation de la Stratégie opérationnelle de l’UNESCO pour les petits Etats insulaires en développement.
Nous tenons à féliciter le Groupe des PEID, sa Présidente, l’Ambassadrice des Iles Cook, le Secrétariat de l’UNESCO, pour être parvenus à cet excellent résultat.
L’Arménie, en sa qualité de co-président du Groupe des Amis des PEID, créé avec le Koweït, se réjouit naturellement de l’aboutissement de ce travail collectif et du bel élan de solidarité qui s’est manifesté de la part des 55 membres du Groupe en faveur de ces Etats.
Nous serons évidemment à leurs côtés pour les soutenir dans le travail qui reste à accomplir, notamment faire adopter cette stratégie opérationnelle et ses programmes phares par la Conférence générale, et œuvrer à leur mise en œuvre.
Dans un autre registre, tout aussi important, l’Arménie a porté une attention particulière à l’action menée par l’UNESCO pour préserver le droit à l’éducation dans les situations d’urgence ou de guerre, et ce, dans le contexte de l’agression militaire de l’Azerbaïdjan contre le territoire souverain de l’Arménie, les 13 et 14 septembre 2022, qui a abouti à l’occupation de certaines parties de son territoire. Nous avons déjà eu l’occasion de décrire les dommages matériels importants qu’ont subi, en cette circonstance, les régions arméniennes, notamment la région du Syunik, et de mettre en exergue les conséquences négatives sur le fonctionnement du système éducatif. Durant cette dernière période, les autorités arméniennes se sont employées à apporter un soutien aux établissements d’enseignements de ces régions aussi bien qu’aux populations concernées, particulièrement les élèves et les enseignants, afin de les accompagner dans cette difficile situation.
Dans cette perspective, nous apprécierons l’assistance et l’expertise que pourront nous fournir l’UNESCO et les partenaires de la Coalition mondiale pour l’éducation.
Excellences, cher(es) collègues,
La défense et la promotion du droit à l’éducation sont au cœur de la mission de l’UNESCO et nous nous réjouissons de constater sa pleine implication dans ce domaine.
Profondément attachée à l’égalité des genres, l’Arménie se félicite de la priorité donnée à l’accès des filles et des femmes à l’éducation, ainsi que pour leur assurer la continuité de l’apprentissage et de l’éducation ; les initiatives déjà prises au bénéfice de certains pays en témoignent.
Nous croyons également qu’il est du devoir et de la responsabilité de notre Organisation de se préoccuper du sort des populations lorsque le droit à l’éducation se trouve bafoué.
J’évoquerai, à cet égard, la situation des populations arméniennes du Haut-Karabagh, victimes, depuis plus de quatre mois, du blocus du corridor de Latchine, seule voie terrestre reliant le Haut-Karabagh à l’Arménie et au monde extérieur.
Elles subissent de plein fouet les conséquences économiques, sociales et humanitaires de l’action illégale de l’Azerbaïdjan, pour laquelle, la Cour internationale de Justice de l’ONU a rendu une ordonnance sans équivoque, demandant à ce pays de prendre toutes les mesures pour assurer la circulation sans entrave tout au long du corridor de Latchine.
Une ordonnance au caractère contraignant que l’Azerbaïdjan persiste toujours à ignorer, violant d’une façon flagrante l’article 6 de Déclaration trilatérale du 9 novembre 2020 par l’installation d’un poste de contrôle dans la zone sous contrôle des forces russes de maintien de la paix.
Une situation très préoccupante qui appelle l’envoi en urgence d’une mission interagences de l’ONU dans le corridor de Latchine et au Haut-Karabagh.
Force est aussi de constater que le fonctionnement du système éducatif du Haut-Karabagh a été gravement affecté. Les coupures fréquentes de gaz et d’électricité ont entraîné la fermeture, discontinue, des établissements scolaires, privant les 30 000 élèves arméniens de leur droit fondamental à l’éducation.
Par ce blocus, nous assistons hélas à la mise en œuvre d’une politique de nettoyage ethnique, visant à vider le Haut-Karabagh de sa population arménienne qui y a toujours vécu.
Nous observons, aussi, dans le même temps, les menaces qui pèsent sur les biens culturels arméniens situés dans les territoires contrôlés par l’Azerbaïdjan, notamment les régions de Chouchi et d’Hadrout; les nombreuses destructions et actes de vandalisme commis depuis 2020 aussi bien que les tentatives d’appropriation du patrimoine arménien, en disent long sur l’objectif poursuivi d’éradiquer toute trace de présence culturelle arménienne sur ces territoires.
Un constat conforté par le fait que ce pays s’est, jusqu’à présent, abstenu de mettre en œuvre l’ordonnance, pourtant obligatoire, de la Cour internationale de Justice du 7 décembre 2021, l’appelant à prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir et punir les actes de vandalisme et de profanation affectant le patrimoine culturel arménien.
Dès lors, il devient clair pourquoi, depuis maintenant trois ans, il continue à faire obstacle à l’envoi de la mission de l’UNESCO dans et autour du Haut-Karabagh.
Aussi, nous réitérons, avec insistance, notre souhait que cette mission soit dépêchée, aussi rapidement que possible, convaincus que son déploiement concourra à la protection effective du patrimoine de la région.
La protection et la préservation du patrimoine de l’humanité demeure une priorité pour l’Arménie ; nous restons, à cet égard, pleinement engagés dans la mise en œuvre de l’initiative « Faire revivre l’esprit de Mossoul » en Irak. Cet engagement porte aussi le témoignage de notre attachement profond aux valeurs du vivre ensemble, de la diversité culturelle et de la tolérance. Ce n’est pas un hasard si l’Arménie figure parmi les signataires de l’appel mondial contre le racisme et a coparrainé la décision initiant la feuille de route de l’UNESCO contre le racisme et la discrimination ; je tiens à saisir cette occasion pour féliciter le Mexique pour avoir si bien accueilli la 2ème édition du Forum mondial contre le racisme et la discrimination.
Finalement, et pour clore mon intervention, je veux réaffirmer combien l’Arménie accorde de l’importance à la question de la sécurité des journalistes et demeure préoccupée par les atteintes à leur intégrité physique qui ont couté la vie à un si grand nombre d’entre eux. Assurer la sécurité des journalistes constitue l’une des conditions préalables à l’exercice de la liberté d’expression, fondement de toute société démocratique, qu’il nous appartient de défendre et de protéger, au même titre que de lutter contre l’impunité face à ces crimes.
Je vous remercie pour votre attention
SEM Christian Der Stépanian demande l’envoi de la mission de l’UNESCO dans et autour du Haut-Karabagh.
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