Les cours du pétrole dégringolaient de plus belle jeudi après une nouvelle salve de remontée des taux directeurs au Royaume-Uni, en Norvège, en Turquie et en Suisse, faisant ressurgir les craintes de récession mondiale et de destruction de la demande.
Vers 15H50 GMT (17H50 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, perdait 4,01% à 74,03 dollars.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison le même mois, abandonnait 4,38% à 69,35 dollars.
« Il semble que les investisseurs en énergie se concentrent sur les messages agressifs de la Fed et d’autres banques centrales » pour lutter contre l’inflation plutôt que sur la publication du rapport sur l’état des stocks hebdomadaires commerciaux américains « relativement optimiste de l’EIA sur le pétrole brut », affirme à l’AFP Edward Moya, analyste d’Oanda.
Les stocks américains de pétrole brut ont en effet diminué de 3,8 millions de barils la semaine dernière aux États-Unis, à la surprise des analystes qui s’attendaient à une petite hausse, selon des chiffres publiés jeudi par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA).
La chute des cours du pétrole, déjà dans le rouge lors de la publication du rapport, s’est poursuivie, le marché se focalisant « sur des perspectives de croissance mondiale qui vont s’effondrer en raison du resserrement monétaire des banques centrales », pensant sur le pétrole, poursuit M. Moya.
La Banque d’Angleterre a relevé jeudi ses taux pour la 13e fois de suite de 0,5 point, les portant à 5%. La Banque de Norvège a mis les bouchées doubles pour tenter d’enrayer une inflation, en relevant également jeudi de 0,5 point son taux directeur, à 3,75%.
La Banque centrale turque a quant à elle relevé jeudi son principal taux directeur à 15% dans un revirement majeur lors de sa première réunion de politique monétaire depuis la réélection du président Erdogan.
Enfin, la banque nationale suisse (BNS) s’est également rangée jeudi dans le camp des banques centrales qui continuent de relever leurs taux, relevant son taux directeur de 0,25 point pour le porter à 1,75%.
Avec cette nouvelle salve de remontée des taux, « les craintes de récession s’accroissent », affirme Tamas Varga, de PVM Energy, interrogé par l’AFP.
Les hausses des taux des grandes banques centrales ont des conséquences sur la demande de pétrole, car elles pèsent sur les économies en renchérissant le coût du crédit pour les ménages et pour les entreprises.
En parallèle, du côté de l’offre, « les sanctions sur les exportations de pétrole russe n’ont pas beaucoup limité l’offre sur le marché international, et les exportations de l’Iran et du Venezuela ont été étonnamment fortes », notent les analystes de ANZ.
Londres, 22 juin 2023 (AFP) –