L’Azerbaïdjan, menacé de dislocation par ses minorités nationales

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Si l’Azerbaïdjan, riche de ses hydrocarbures de la Caspienne parait un Etat surpuissant au Sud-Caucase, avec ses 10 millions d’habitants et de son PIB de près de 80 milliards de dollars par an, en réalisé le pays reste très fragile, menacé de dislocation à cause de ses minorités nationales. Des minorités nationales qui représenteraient plus de tiers de sa population. Ainsi l’Arménie, composée d’une population arménienne de souche à près de 98% est bien plus solide que l’Azerbaïdjan qui ressemble à un puzzle d’ethnies regroupées dans une même entité non homogène.

Les statistiques de Bakou sur ses minorités nationales sont complètement sous-estimées afin de rendre le groupe majoritaire azéri comme la population dominante. Car les données officielles de l’Azerbaïdjan indiquaient en 2009 que sur les près de 9 millions d’habitants 8 172 000 soit 92,09% affirmaient que leur langue maternelle était l’azéri…Des données tronquées qui sont bien loin de la réalité. Car les minorités nationales étaient largement sous-estimées dans ces statistiques.

Ainsi les Talyches, peuple de langue indo-européenne qui peuplent le sud de l’Azerbaïdjan et le nord-est de l’Iran étaient évalués à 112 000 membres en Azerbaïdjan, alors que leur nombre serait de près d’un million ! Les Lezghiens qui constituent un groupe ethnique habitant principalement au sud du Daghestan et au nord-est de l’Azerbaïdjan, seconde minorité nationale la plus importante d’Azerbaïdjan étaient estimés officiellement à 162 540 par Bakou en 2009. Or, ils seraient d’après d’autres sources entre 600 000 et un million en Azerbaïdjan…D’autres groupes tels que Russes, Ukrainiens, Géorgiens, Kurdes, Tatars, Tsakhours, Tats, Judéo-Tats, Kryz, Khinalugs et Oudis sont au total des centaines de milliers en Azerbaïdjan. Et nombre de ces peuples -peuples autochtones- existant sur ces terres envahies par les Tatars-azéris bien avant la fondation de l’Azerbaïdjan.

Il est intéressant de signaler que les Oudis, peuple chrétien -qui appartenait jadis à l’Eglise arménienne- ne représentaient en 2009 que 3 800 membres. Des Oudis qui constituent aujourd’hui encore moins de 4 000 membres, instrumentalisés par le dictateur Aliev afin qu’ils se réclament propriétaires des lieux du patrimoine religieux arménien en Artsakh occupée…

Selon les données ainsi recueillies, il apparaît que les minorités nationales en Azerbaïdjan représentent plus de 3 millions des 9 millions d’habitants. Des minorités qui pour beaucoup -tels que les Talyches et Lezghiens- vivent davantage en milieu rural et disposent d’un rythme de croissance démographique plus important que la population de souche azérie installée pour sa grande majorité dans les milieux urbains.

Ainsi le poids de ces minorités nationales s’intensifie chaque jour au point d’alarmer les autorités azéries qui désirent azériser ces populations qui représentent une réelle menace de partition du pays, crée de toute pièce sous l’ère soviétique au début du 20e siècle. A l’exemple de la Turquie de l’Est (Arménie Occidentale) peuplée par une importante population Kurde et volontairement délaissée du développement économique par Ankara, en Azerbaïdjan, les régions peuplées par les Taliches et Lesghiens, sont également délaissées. Afin sans doute que ces minorités s’installent dans les grandes villes d’Azerbaïdjan où l’assimilation est plus rapide.

Car les officiels azéris n’ont qu’une hâte : assimiler ces minorités nationales…ou les détruire. Ainsi, lors des guerres en Artsakh, au sein de l’armée azérie, les soldats d’origine Taliche et Lesghien proportionnellement au nombre de leur groupe, étaient plus importants que les Azéris de souche. De plus ils étaient pour leur grande majorité envoyés au front, tandis que les Azéris de souche étaient voués à des taches administratives ou de commandement, avec un risque de mortalité moins important.

En muselant le développement culturel et l’identité de ces minorités nationales, Bakou cherche à les diluer dans la société azérie. Car les autorités savent que cette menace d’éclatement du pays fragile, construit de toute pièce à l’ère soviétique, est réelle. Un Etat bricolé est venu encadrer et imposer une vision autre, à ces peuples qui vivent depuis des millénaires sur les rives de la Caspienne ou dans les montagnes, proche du Daghestan. Et si dans une quarantaine d’années, le gaz et le pétrole azéri seront épuisés, ces peuples qui n’ont rien de commun avec les Azéris, seront encore là pour exiger leur droit à la différence, à leur culture et leur entité nationale.

Krikor Amirzayan

Krikor Amirzayan
Author: Krikor Amirzayan

Krikor Amirzayan est un caricaturiste et journaliste arménien. Ses œuvres – articles et caricatures – paraissent dans différents titres de la presse en Arménie et en diaspora. En France il est l'un des rédacteurs du site d'information www.armenews.com. Il est l'auteur de deux livres de caricatures L'Indépendance (Erevan, 1995) et Oh ! Arménie, Arménie ! (Erevan, 1999). Il vit à Valence (France). En 2002 l'Express l'a désigné parmi « Les 50 qui font bouger Valence » Krikor Amirzayan a réalisé de nombreuses expositions de ses caricatures. Krikor Amirzayan a été décoré de la Médaille d'or du ministère de la Diaspora de la République d'Arménie, médaille qui lui fut remise le 14 novembre 2014 à Bourg-lès-Valence par l'ambassadeur d'Arménie en France Viguén Tchitétchian1. En juillet 2017 il reçut le 1er Prix de la "Défense de la langue arménienne" à Erévan par le ministère arménien de la Diaspora

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