S&P Global Ratings a relevé les notes de crédit souverain à long terme en monnaie étrangère et locale de l’Arménie de » B+ » à » BB- » après que l’économie du pays du Caucase a connu un essor l’année dernière grâce aux retombées liées au conflit entre la Russie et l’Ukraine.
L’agence a confirmé les notes de crédit souverain à court terme en devises et en monnaie locale à « B ». Les perspectives générales restent stables.
Après une performance économique remarquable en 2022, l’Arménie devrait connaître une croissance légèrement réduite mais robuste de 7,5 % en 2023, selon S&P. L’agence attribue cette décélération modérée de la croissance à des facteurs tels que l’affaiblissement de la demande extérieure, le resserrement des conditions financières et la modération des flux financiers et migratoires.
S&P Global Ratings souligne que l’année précédente, l’économie arménienne a connu une croissance significative de 12,6 %. Cette croissance a notamment été facilitée par l’afflux de jeunes professionnels qualifiés des technologies de l’information en provenance de Russie, ce qui a entraîné la création de plus de 1 000 entreprises à capitaux étrangers. Cet afflux a considérablement stimulé le secteur des technologies de l’information le plus productif d’Arménie, qui a progressé de 51 % en 2022.
Le nombre important de migrants qualifiés en provenance de Russie, en particulier dans le secteur des technologies de l’information, ainsi que la création d’entreprises à capitaux étrangers, ont contribué de manière significative à la croissance économique du pays. En outre, des entrées financières substantielles, y compris des transferts d’argent en provenance de Russie, ont joué un rôle crucial dans les bénéfices économiques de l’Arménie. Les entrées de fonds en provenance de Russie ont représenté 18,4 % du PIB de l’Arménie en 2022, contre 6,2 % en 2021. Toutefois, ces transferts se sont stabilisés récemment en raison de la baisse des flux d’immigration.
Les secteurs arméniens de l’hôtellerie, de l’immobilier et des transports ont également été stimulés par l’afflux de migrants en provenance de Russie. Alors que le pays a accueilli 1,67 million de touristes en 2022, soit 14 % de moins qu’en 2019, l’industrie du tourisme a fait preuve de vigueur avec une augmentation de 79 % des arrivées au cours du premier trimestre 2023 par rapport à la même période de l’année précédente. Malgré la récente appréciation du dram arménien par rapport au dollar américain qui affecte le pouvoir d’achat des touristes, on s’attend à un niveau de tourisme robuste.
« La Russie reste un partenaire commercial essentiel pour l’Arménie, avec des exportations passant de 28 % en 2021 à 45 % en 2022, en raison du conflit russo-ukrainien et des opportunités commerciales limitées de la Russie. Cependant, le manque de données rend difficile la différenciation entre les exportations d’origine arménienne et les réexportations via l’Arménie. Les exportations vers la Russie ont commencé à se stabiliser, et cette tendance devrait se poursuivre en raison de l’affaiblissement des perspectives économiques de la Russie et des contrôles à l’exportation plus stricts de l’Arménie sur certaines catégories de produits », indique le rapport.
En 2024, la trajectoire de croissance de l’Arménie pourrait rencontrer des difficultés potentielles, selon S&P. L’inversion des flux de main-d’œuvre et de capitaux en provenance de Russie est une possibilité, bien que moins probable en raison des tensions intérieures actuelles en Russie. Les ralentissements économiques en Russie et dans l’UE, partenaires commerciaux importants de l’Arménie, pourraient également avoir un impact sur les perspectives de croissance de l’Arménie. En outre, les risques sécuritaires externes le long de la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pourraient se répercuter et affecter les performances économiques. Toutefois, l’afflux récent de capitaux humains et financiers pourrait renforcer le taux de croissance potentiel de l’Arménie. Dans le scénario de base, un taux de croissance annuel moyen du PIB réel d’environ 4 % est prévu jusqu’en 2026.
S&P mentionne également que les tensions persistent entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet de la région du Haut-Karabakh, avec des flambées sporadiques depuis 2020. Les États-Unis, l’UE et la Russie ont encouragé les deux nations à rechercher un accord de paix. La volonté récente de l’Arménie de reconnaître le Haut-Karabakh comme territoire azerbaïdjanais sous certaines conditions a donné un élan aux pourparlers de paix, mais l’importance historique du Haut-Karabakh pourrait susciter l’opposition de l’opinion publique arménienne. « De telles tensions politiques pourraient s’aggraver et influencer l’orientation politique du gouvernement », peut-on lire dans le rapport.
