La Turquie ne plaisante pas avec le père fondateur de la République dont elle marquera le centenaire fin octobre: pour
s’être moqué de Mustafa Kema Atatürk, un adolescent de 17 ans s’apprêtait jeudi soir à passer une deuxième nuit en détention.
Selon les médias turcs qui rapportent massivement l’histoire, le jeune homme a été filmé par ses camarades sur téléphone portable dans son lycée du quartier conservateur d’Usküdar, à Istanbul, froissant la photo du « Père des
Turcs » (Atatürk), avant de la frotter en riant contre son entrejambe.
La vidéo – qui continue 24 heures après les faits de circuler jeudi soir sur le réseau X (ex-Twitter) – ayant été partagée sur les réseaux sociaux, le lycéen a été dénoncé et arrêté par la police, conduit au commissariat puis devant le Tribunal pour mineurs où un juge a requis un placement en détention,raconte ainsi le quotidien Cumhuriyet.
Le jeune homme, dont l’identité complète est divulguée, est accusé « d’insulte au public sur la base de la classe sociale, de la religion, du sexe et des spécificité régionale » et « d’insulte publique à la mémoire d’Atatürk » dont, circonstance aggravante, il avait arraché la photo dans un de ses manuels scolaires, détaille le quotidien.
L’autre grand quotidien, Hurriyet, rapporte également l’affaire en citant le ministère de l’Intérieur et le gouvernorat d’Istanbul qui relaient les faits dans les mêmes termes.
La plupart des journaux et des chaines de télévision diffusent la vidéo coupable, ainsi que celle de l’interpellation de l’adolescent, emmené le bras tordu derrière le dos dans les couloirs de son établissement.
Sur X, de nombreux commentaires réclament une sanction exemplaire pour le jeune homme, « sans l’excuser parce que c’est un enfant » insiste l’un.
Le chef de l’opposition Kemal Kilicdaroglu, candidat malheureux à laprésidence en mai, a cependant dénoncé ce traitement estimant que le jeune était victime d’un « lavage de cerveau » orchestré par le pouvoir.
Tout en condamnant sur X cette « laideur », le chef du CHP estime que, « être compétent, ne signifie pas punir un enfant qui a été formé, trompé et soumis à un tel lavage de cerveau ».
Mustafa Kemal fait l’objet d’une célébration omniprésente en Turquie, avec ses portraits placardés dans les rues, sur tous les édifices publics – et dans de nombreux espaces privés.
AFP