L’Azerbaïdjan a inversé ces dernières semaines les progrès réalisés dans les pourparlers de paix avec l’Arménie, a insisté mardi 23 janvier, le ministre des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan.
« Malheureusement, après l’étape positive du 8 décembre [échange de prisonniers], nous avons constaté que l’Azerbaïdjan ne poursuivait pas sa position constructive, c’est le moins que l’on puisse dire », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. « Cela s’est manifesté à la fois par la 7e proposition azerbaïdjanaise sur le traité [de paix arméno-azerbaïdjanais] et par la dernière interview du président azerbaïdjanais. Il y a eu une régression significative et même un coup porté au processus de paix sur un certain nombre de questions clés ».
Le 10 janvier, Mirzoyan s’est plaint d’une « certaine régression » dans les dernières propositions azerbaïdjanaises sur le traité de paix soumises à Erevan. Il a déclaré que Bakou hésitait à reconnaître explicitement les frontières de l’Arménie dans le cadre de cet accord.
Dans des remarques télévisées diffusées quelques heures plus tard, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a renouvelé sa demande d’ouverture par l’Arménie d’un corridor extraterritorial vers l’enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan. Il a également exigé que l’Arménie se retire de « huit villages azerbaïdjanais » et a de nouveau rejeté l’insistance d’Erevan à utiliser les cartes soviétiques les plus récentes pour délimiter la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Le Premier ministre Nikol Pachinian a rejeté les demandes d’Aliev, estimant qu’elles équivalaient à des revendications territoriales. M. Mirzoyan a également déclaré mardi que l’Azerbaïdjan souhaitait redessiner sa longue frontière avec l’Arménie.
« Je tiens à souligner que personne n’est habilité à tracer une nouvelle frontière », a-t-il déclaré. « Nous restons déterminés à ce que, lors du processus de délimitation, nos commissions compétentes reproduisent les frontières tracées sur des bases légales avant l’éclatement de l’Union soviétique ».
M. Mirzoyan a clairement indiqué que le gouvernement de M. Pachinian restait attaché à son « programme de paix » malgré ce qu’il considère comme un risque d’invasion de l’Arménie par l’Azerbaïdjan.
Le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a exprimé lundi sa vive inquiétude concernant « les dernières revendications territoriales du président Aliev ».
« Toute violation de l’intégrité territoriale de l’Arménie serait inacceptable et aurait de graves conséquences sur nos relations avec l’Azerbaïdjan », a déclaré M. Borrell après avoir présidé une réunion des ministres des Affaires étrangères des États membres de l’UE.
Le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères n’a pas tardé à rejeter la critique. Un porte-parole du ministère a accusé M. Borrell de « déformer » les déclarations de M. Aliev et d’inciter à une « politique belliqueuse et agressive à l’égard de l’Azerbaïdjan ».
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