Des élus russes ont condamné la demande du gouvernement arménien de retirer ses gardes-frontières du principal aéroport international d’Arménie, estimant qu’il s’agissait d’un nouveau coup dur pour les relations bilatérales.
L’un d’entre eux a mis en garde Erevan contre le fait de demander également le retrait de l’ensemble du personnel de sécurité militaire russe d’Arménie, estimant que cela aurait de graves conséquences pour la sécurité du pays.
Depuis des décennies, des gardes-frontières russes sont stationnés à l’aéroport Zvartnots d’Erevan ainsi que le long des frontières de l’Arménie avec la Turquie et l’Iran, dans le cadre des liens militaires étroits qui unissent la Russie et l’Arménie. Un haut fonctionnaire a annoncé mercredi 6 mars que le gouvernement arménien avait officiellement demandé leur retrait de l’aéroport parce qu’il avait désormais « la capacité d’y effectuer pleinement des contrôles ».
Cette décision fait suite à ce que le Premier ministre Nikol Pachinian a décrit le mois dernier comme un « gel » effectif de l’adhésion de l’Arménie à l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) dirigée par la Russie. Moscou n’a pas encore réagi officiellement.
« C’est le premier grand pas inamical [du gouvernement Pachinian] : il laisse entendre que nous ne sommes plus tout à fait les bienvenus en Arménie », a écrit Viktor Bondarev, premier vice-président de la commission de la défense du Conseil de la Fédération de Russie, sur Telegram jeudi en fin de journée. « En fait, il s’agit d’un glissement lent et régulier de l’Arménie vers une attitude hostile, une rupture avec les fondements de l’OTSC. »
M. Bondarev a décrit ce développement comme un prélude possible à la demande d’Erevan de retirer tous les gardes-frontières et les forces militaires russes d’Arménie, ce qui, selon lui, « entraînerait une escalade des tensions » dans la région.
« Je ne recommanderais pas aux autorités arméniennes d’envisager le retrait des troupes russes d’Arménie », a averti l’ancien commandant de l’armée de l’air russe.
Konstantin Zatulin, membre éminent de la chambre basse du Parlement russe, la Douma d’État, a laissé entendre qu’une telle décision de la part de l’administration de M. Pachinian n’était qu’une question de temps. « Le gouvernement arménien rompt manifestement ses liens avec la Russie », a-t-il déclaré.
Le ministre des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, a souligné plus tôt dans la journée de jeudi que l’Arménie souhaitait que les gardes-frontières russes ne quittent que l’aéroport de Zvartnots.
Le mois dernier, M. Pachinian n’a pas exclu la possibilité que l’Arménie quitte l’OTSC en raison de ce qu’il appelle l’incapacité de l’alliance militaire à honorer ses engagements en matière de sécurité envers l’État du Caucase du Sud. Toutefois, ni lui ni d’autres responsables arméniens n’ont indiqué jusqu’à présent qu’ils envisageaient de mettre fin à la présence militaire russe dans cet État.
Les groupes d’opposition arméniens affirment qu’une rupture de l’alliance militaire entre l’Arménie et la Russie créerait un vide sécuritaire dangereux qui ne pourrait être comblé par les puissances occidentales et ouvrirait la voie à une agression militaire azerbaïdjanaise, voire turque.
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