Erevan, 3 décembre 2019 – Des étudiants sympathisants ou membres de l’organisation de jeunesse du parti Dachnak se sont réunis cet après-midi vers 15 heures devant le ministère de l’Education, des Sciences et des Sports pour exiger, une fois de plus, la démission du ministre, Araïk Harutyunyan.
La « fronde » dure depuis novembre, contre les réformes du Ministère dans le champ universitaire avec pour principal point d’achoppement la suspension des cours obligatoires d’arménien et d’histoire arménienne dans le cursus des filières générales des universités. Aujourd’hui, les jeunes avaient demandé à rencontrer le Ministre, et ne recevant pas de réponse, ont voulu entrer dans les locaux du ministère, les autres formant un sit-in. Quatre jeunes ont été rapidement interpellés, le sit-in dispersé, tandis qu’un impressionnant dispositif policier prenait place en rangs serrés pour prévenir tout nouveau rassemblement à cet endroit.
Une trentaine de jeunes au plus a alors décidé de barrer la rue Vasken Sarksyan, toujours en sit-in, criant des slogans hostiles au ministre et réclamant sa démission, tout en entonnant quelques chants patriotiques. Après plusieurs injonctions demandant aux jeunes de dégager la chaussée, les forces des « bérets rouges » se sont rangées en position d’intervention tandis que d’autres policiers se déployaient à l’arrière du petit groupe. Un peu avant 18 heures, les forces de l’ordre sont entrées en action : une vingtaine de jeunes ont été interpellés par les policiers et emmenés vers les camionnettes stationnées à quelques dizaines de mètres de là, d’autres dans des voitures de police. De la bousculade, certes, mais sans excès de violence. Ceux qui restaient de ce groupe déjà fort peu important a réussi à se reconstituer et prenait vers 18h15 la direction du commissariat central où leurs camarades ont été emmenés.
Pour l’heure, seuls la branche Jeunesse de la Fra soutient ces manifestations, qui ont commencé début novembre, contre les réformes en cours des curricula universitaires. L’un des plus importants mouvements étudiants, l’initiative Restart, s’accorde à défendre le droit de ces étudiants à s’exprimer mais reste en désaccord avec leur position comme avec les demandes réitérées de démission du ministre. Les jeunes de la FRA n’ont par ailleurs de cesse de dénoncer les frais du ministère pour financer, récemment, une performance théâtrale controversée et un film documentaire sur l’haltérophile transgenre, « Mel ». En gros, la revendication de cette poignée de jeunes, bien encadrés par des éléments plus âgés – la plus grosse manifestation a réuni 300 personnes au plus en novembre – est de « défendre les valeurs nationales », une « éducation arménienne », et de s’opposer systématiquement à tout changement dans ce champ, très convoité visiblement sur un plan politique, de l’éducation.
Texte : Laurence Ritter / Photos : Max Sivaslian