La réponse du Kremlin, qui s’est opposé à sa dernière arrestation en juillet, est restée muette cette fois.
Les partisans de l’ancien président Robert Kocharyan ont appelé à la mobilisation de ses partisans après son arrestation pour la deuxième fois, deux jours seulement avant les élections législatives décisives.
Robert Kocharyan s’est rendu aux autorités le 7 décembre après qu’une cour d’appel ait décidé qu’il devrait être arrêté de nouveau en raison de la violente rupture des manifestations en 2008. Ce même tribunal avait décidé en juillet que Robert Kocharyan devait être libéré après sa première arrestation.
Robert Kocharyan est accusé de «renversement de l’ordre constitutionnel» dans le cadre des événements de 2008, au cours desquels 10 personnes ont été tuées: huit manifestants et deux policiers. Le Premier ministre Nikol Pashinyan a été l’un des principaux organisateurs des manifestations contre l’élection du successeur de Robert Kocharyan, Serge Sarkissian, largement considérées comme truquées. En conséquence, Nikol Pashinyan a passé deux ans en prison.
Peu de temps après le verdict du 7 décembre, Robert Kocharyan a publié une déclaration affirmant que Nikol Pashinyan lui-même avait ordonné l’arrestation et que le tribunal n’était pas indépendant. «Le leader populiste et incompétent du pays ne peut pas se réconcilier avec mon passé, les résultats obtenus au cours de mes années de gouvernement, ma réputation en Arménie, en Artsakh [Kocharyan [était autrefois le chef de facto du Haut-Karabagh, dit« Artsakh » en arménien] et à l’étranger, ainsi que mes perspectives politiques.”
Robert Kocharyan est devenu à lui seul le service de la sécurité nationale, a déclaré aux journalistes Hayk Alumyan, l’un des avocats de Kocharyan. Ruben Sahakyan, un autre avocat de Kocharyan, a déclaré aux journalistes que son client attendait le verdict et ne le craignait pas.
L’arrestation de Robert Kocharyan est intervenu deux jours après la diffusion d’ une vidéo révélant des conversations entre Nikol Pashinyan et le chef du Service de la sécurité nationale, Artur Vanetsyan, qui semblaient montrer la participation du gouvernement à la première arrestation de Robert Kocharyan.
Nkol Pashinyan lui-même a publié la fuite sur sa page Facebook en disant que c’était la preuve de la perfidie de l’ancien régime: «Je veux poser une question simple: pourquoi tout cela est-il fait? Parce que le système corrompu voit que la chaîne se resserre, le système corrompu voit que tout ce que nous avions promis sera mis en œuvre immédiatement après les élections législatives et que personne ne pourra y échapper. »
La fuite surprise de dernière minute était un complément à une vidéo similaire publiée en septembre .
Les alliés de Robert Kocharyan au sein du Parti républicain, au pouvoir, ont accusé Nikol Pashinyan d’ avoir organisé une vendetta politique contre Robert Kocharyan: «Il est évident que le gouvernement et Nikol Pashinyan ont personnellement ordonné cette détention pendant la période préélectorale afin de renforcer le climat de peur qui régnait dans le pays et de montrer leur force et leur pression sur leurs adversaires politiques « .
Moscou a été relativement discret sur l’arrestation de Robert Kocharyan cette fois-ci, après que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, ait publiquement réprimandé Erevan après la première détention de l’ancien président.
Mais un allié du président russe Vladimir Poutine a condamné cette arrestation. «Je ne me mêle certainement ni de la campagne électorale ni des affaires intérieures. En outre, à ma connaissance, Robert Kocharyan n’a lui-même participé à aucune campagne électorale et ne participe pas à la campagne électorale, mais j’estime dommage pour l’Arménie que lors de leur arrivée au printemps de cette année, les autorités ont réglé leurs comptes et se vengent d’une personne qui a rendu d’excellents services à la fois pour le Haut-Karabagh et pour l’Arménie « , a déclaré le député de la Douma, Konstantin Zatouline, dans une interview à la chaîne de télévision arménienne 5th Chaine.
Tout l’épisode a passé sans que cela ait un impact apparent sur les élections, que Nikol Pashinyan a facilement remporté avec une marge plus ou moins prédite par les sondages. Notamment, 24 heures après la fermeture des bureaux de vote, Poutine n’avait pas encore félicité Nikol Pashinyan pour sa victoire. L’omission a conduit à la spéculation à Erevan; une chaîne populaire pro-Pashinyan Telegram, a rapporté, citant « une source », que, même si le Kremlin préparait un message de félicitations, « le temps sera sec, en liaison avec l’arrestation de Robert Kocharyan. »
Le site Internet de Kocharyan a annoncé que ses partisans «organiseraient des rassemblements» le 11 décembre pour protester contre ce qu’il a appelé «cette terrible injustice» et «le régime actuel qui tente d’établir une monarchie».
Ani Mejlumyan est une journaliste basée à Erevan.
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