Malgré nos multiples avertissements, des ultranationalistes turcs en
Belgique poursuivent leurs actions terroristes et criminelles en
jouissant d’une totale impunité. Dimanche 21 octobre en fin de soirée,
après une manifestation non-autorisée devant l’ambassade des
Etats-Unis à Bruxelles, les Loups Gris ont tabassé le journaliste
indépendant belge d’origine turque Mehmet Koksal alors qu’il filmait
l’évènement.
Le cortège a poursuivi sa route en hurlant des slogans nationalistes
et en portant le drapeau turc et celui des Loups Gris (trois
croissants) à travers les quartiers turcs. A leur arrivée dans les
quartiers multi-culturels de Saint-Josse, ils ont d’abord attaqué un
disquaire kurde situé rue de Liedekerke, puis ils ont complètement
saccagé un café de la chaussée de Louvain, tenu par un Arménien.
Depuis la reconnaissance du génocide arménien par la Commission des
Affaires Etrangères du Congrès américain et l’intensification des
combats entre l’armée turque et la guérilla kurde dans le sud-est de
la Turquie, les jeunes Turcs de Bruxelles sont systématiquement
provoqués par les sites turcophones soutenus par l’Ambassadeur de
Turquie. Dimanche, des messages agitateurs ont été diffusés par SMS
dans la communauté turque.
Ce qui est scandaleux de la part des autorités belges, c’est que
malgré ces provocations évidentes, elles n’ont pris aucune mesure
sérieuse pour empêcher des agressions éventuelles. Or, dans le passé,
les forces de sécurité étaient fort mobilisées en cas d’une
manifestation devant l’Ambassade des Etats-Unis. Pour cette
manifestation sauvage, on n’a chargé que quelques policiers, bien trop
peu nombreux pour empêcher ces débordements et cette agressivité.
Le fait que ces provocations s’effectuent en langue turque ne
constitue pas une excuse de ne pas pouvoir estimer l’ampleur de cette
mobilisation car il y a beaucoup de personnes d’origine turque se
trouvant dans la police, dans les collèges et conseils communaux voire
même dans les assemblées régionales et fédérales. Ces personnes ont
des relations privilégiées avec l’Ambassade de Turquie ainsi qu’avec
les médias turcs. Donc, elles sont parfaitement au courant de ces
provocations.
Qui plus est, il ne s’agit pas de la première agression
ultranationaliste turque commise à Bruxelles. Dans le passé, les
communautés non-turques en provenance de Turquie ont été plusieurs
fois la cible des Loups Gris.
Au début 1994, cent cinquante Kurdes participant à une marche
pacifique ont été agressés par plusieurs centaines de Loups Gris quand
ils sont arrivé à Saint-Josse.
Cinq ans plus tard, le 17 novembre 1998, l’Institut Kurde de
Bruxelles, le Centre Culturel Kurde et un local assyrien ont été
attaqués et incendiés par les Loups Gris devant la police.
Le 10 décembre 2005, un engin incendiaire a été lancé dans les locaux
du bureau du parti pro-kurde DEP, détruisant la porte d’entrée.
Le 2 décembre 2006, des centaines de Loups Gris s’étaient rassemblés
place Saint-Josse pour attaquer les locaux kurdes après la
distribution d’un appel contre la présence d’une association kurde
située à Saint-Josse-ten-Noode, mais grâce aux mesures préventives
prises par la police, cette tentative a échoué.
Toutefois, dans la nuit du dimanche 1er avril 2007, les locaux de la
même association ont été ravagés par un incendie criminel. A l’étage,
les habitants ont été exposés au risque de brûler vifs.
Alors que les associations démocratiques, oeuvrant pour une
cohabitation harmonieuse parmi les communautés en provenance de
Turquie, l’ambassadeur turc à Bruxelles, en réagissant comme un
gouverneur colonial, continue de menacer la paix communautaire dans
les communes de Saint-Josse et Schaerbeek.
Dans une interview qu’il a accordée au quotidien turc Hürriyet du 21
avril 2007, l’ambassadeur prend même comme cible le bourgmestre de
Saint-Josse, Jean Demannez, en ces termes: « Hé toi! Qui es-tu? Qui t’a
donné cette mission? Comment se fait-il que tu puisses qualifier mes
compatriotes comme Turcs, Kurdes, Arméniens, Assyriens? Personne ne
peut soumettre mes compatriotes à une telle division ethnique. Nous ne
permettons jamais de diviser ainsi nos compatriotes! »
Les communautés kurde, arménienne et assyrienne vivent actuellement
dans un trou noir créé en Belgique par le régime répressif d’Ankara en
raison du laxisme de certains hommes politiques belges; un trou noir
qui peut générer, à n’importe quel moment, une nuit de crystal, et
même une purification ethnique dans la Commune de Saint-Josse.
Ayant réagi dans le passé contre toutes les agressions précitées, nos
organisations issues de l’émigration politique en provenance de
Turquie:
* appellent tous les responsables politiques à assurer la
protection des communautés non-turques et des opposants du régime
d’Ankara contre les agressions criminelles des Loups Gris, protégés
par l’Ambassade de Turquie, par les élus belges d’origine turque et
malheureusement par certains leaders de partis politiques en quête des
votes des électeurs nationalistes turcs.
* demandent l’ouverture immédiate d’une enquête afin d’identifier
et punir les agresseurs et surtout les instigateurs de cette terreur
politique.
L’Association des Arméniens Démocrates de Belgique
Les Associations des Assyriens de Belgique
L’Institut Kurde de Bruxelles
(http://www.kurdishinstitute.be)
La Fondation Info-Türk
(http://www.info-turk.be)