Le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson a plaidé vendredi 15 septembre en faveur d’une entrée de la Turquie dans l’UE, estimant que les réticences croissantes des Européens étaient simplement la « projection » de leurs peurs face à l’évolution du monde.
« Il est difficile d’avoir un débat rationnel sur la Turquie et l’UE, alors que la Turquie est la projection de tout ce que nous craignons sur l’évolution du monde », a déclaré M. Mandelson, selon le texte d’un discours qu’il devait prononcer au cours d’une conférence à Istanbul.
« Dans l’UE, beaucoup des voix qui contestent l’élargissement (de l’UE) à la Turquie sont les mêmes voix qui s’élèvent contre la mondialisation et les précédents élargissements », a-t-il ajouté, estimant que cette opposition reflétait « des tensions plus larges dans la société européenne », comme « le chômage, les migrations et les tensions sociales ».
Le commissaire, comprenant « l’anxiété » provoquée par ces changements, a insisté sur le fait que cette peur ne devait pas « nous mener à mal interpréter la réalité et à apporter la mauvaise réponse ».
M. Mandelson a ainsi plaidé sans équivoque en faveur de l’adhésion de la Turquie, qui a commencé en octobre 2005 les négociations d’adhésion à l’UE.
« Il se trouve que je pense que la place de la Turquie le moment venu devrait être dans l’Union européenne », a-t-il martelé alors que de plus en plus de voix réticentes se font entendre.
« Je pense que les bénéfices économiques et sociaux de l’adhésion de la Turquie à l’UE seraient mutuels », a insisté le commissaire.
Pour M. Mandelson, la solution à ce problème de méfiance des Européens envers Ankara est en partie entre les mains de l’UE qui doit mieux communiquer sur l’élargissement en général. Mais également entre les mains des Turcs.
« Le meilleur argument que la Turquie peut offrir face à ceux qui veulent ralentir et bloquer son processus d’adhésion est de s’engager sans faille sur ses responsabilités: non comme obligation mais comme un choix et une vocation européenne ».
Comme un grand nombre de responsables européens, il a ainsi averti la Turquie que son refus d’appliquer le protocole dit d’Ankara — qui étend son union douanière avec l’UE aux dix Etats entrés dans l’UE en 2004, dont Chypre — était « un risque grave » pour la suite des négociations d’adhésion.
Malgré la signature du protocole d’Ankara en juillet 2005, les Turcs ne reconnaissent toujours pas les autorités de Nicosie et refusent d’ouvrir leurs ports et aéroports aux navires et avions chypriotes.
Ce refus « est pour ceux qui ont des réserves sur l’adhésion turque une justification pour pousser le processus d’adhésion sur une voie de garage », a indiqué M. Mandelson.