Le président du parti travailliste, IP (opposition gauche), Doðu Peinçek et 3 autres personnes ont été inculpées et écrouées lundi par un tribunal d’Istanbul dans le cadre de l’enquête sur le mystérieux réseau Ergenekon qui se serait fixé pour objectif de déstabiliser la Turquie.
L’ancien recteur de l’Université d’Istanbul Kemal Alemdaroðlu (membre du comité Talat Pacha) et l’homme d’Affaires Ibrahim Benli ont été relâchés. Alemdaroðlu ne peut pas quitter le territoire turc et doit se présenter le premier et le 15ème jours de chaque mois à la police et signaler sa présence.
M. Perinçek a été accusé par le parquet d’être « un dirigeant d’Ergenekon » et d' »être en possession de documents secrets appartenant à l’Etat ».
M. Peinçek a été transféré à la prison de Bayrampaþa à Istanbul.
Par ailleurs, Ilhan Selçuk, 83 ans, journaliste renommé et éditorialiste en chef du quotidien « Cumhuriyet », opposant au gouvernement AKP, (parti de la Justice et du Développement, conservateur), a été relâché samedi après 40 heures de garde à vue dans le cadre de la même investigation.
Selon son avocat, M. Selçuk a été interrogé au sujet de certains de ses articles mais aucune motivation pour son interpellation n’a été fournie.
A sa sortie du commissariat, M. Selçuk a été accueilli par ses proches, ses amis et les journalistes et employés de « Cumhuriyet ». M. Selçuk ne peut pas quitter la Turquie jusqu’à la fin de l’enquête.
Selon le quotidien Cumhuriyet, ce week-end de nombreuses personnes ont manifesté en guise de soutien à Ilhan Selçuk dans diverses agglomérations du pays.
A Adana, (sud), dimanche, les manifestants ont scandé des slogans contre le gouvernement et ajouté que « le but du gouvernement AKP était de déstabiliser la procédure judiciaire entamée à son encontre ».
La cour constitutionnelle examine la requête du procureur-général de la Cour de cassation, Abdurrahman Yalçýnkaya, qui demande la dissolution du parti au pouvoir AKP.
L’union des barreaux de Turquie a mis en garde le gouvernement AKP de ne pas transformer l’affaire « Ergenekon » en une campagne de vengeance contre les opposants au pouvoir.
Selon les dirigeants du CHP, (parti Républicain du Peuple, principal parti d’opposition, social démocrate), le pouvoir se sert de l’affaire « Ergenekon comme un instrument de chantage à l’encontre des opposants ». Le député CHP Attila Kart a notamment déclaré que le « gouvernement avait, selon les évolutions qui la touchent, changé l’orientation et le contenu de l’affaire Ergenekon ».