Alors que l’Azerbaïdjan a durci le blocus imposé depuis décembre aux Arméniens du Karabagh en érigeant une barrière de ciment sur le corridor de Latchine, l’unique route reliant le territoire arménien disputé à l’Arménie, le président du Parlement arménien Alen Simonian a souligné lundi 26 juin que les pourparlers de paix arméno-azéris en cours ne conduiraient nulle part si les autorités azéries persistaient à rejeter l’idée d’un « mécanisme international » de dialogue avec les responsables arméniens du Karabagh défendue par Erevan. Le régime du président Aliev a largement prouvé qu’il n’avait aucunement l’intention de dialoguer avec les Arméniens du Karabagh, encore moins sous arbitrage international ; après avoir fait installer fin avril un checkpoint à l’entrée du corridor de Latchine pour contrôler un trafic limité depuis plusieurs mois aux transport humanitaire réalisé par les soldats de la paix russes et le Comité international de la Croix rouge, le président azéri Ilham Aliev a assorti ce checkpoint illégal d’un mur de ciment qui empêche toute circulation sur cet axe vital et a pour seul objectif d’emmurer les quelque 120 000 Arméniens du Karabagh, auxquels il a bien fat comprendre qu’ils devaient se soumettre ou se démettre, devenir des sujets docile soumis à son pouvoir autoritaire avec lequel tout dialogue est impossible, comme les citoyens de l’Azerbaïdjan en font la cruelle expérience depuis plus de deux décennies, ou quitter leurs terres ancestrales. Erevan, pourtant, après avoir multiplié les concessions à l’Azerbaïdjan, dont la dernière en date, reconnaissant le Karabagh comme en faisant partie, ne désespère pas de voir advenir un dialogue direct, et a souligné l’importance d’un “mécanisme” pour le mener à bien lors des négociations en cours en vue d’un traité de paix arméno-azéri dont on n’a cessé de vanter les « progrès », en faisant valoir qu’un tel mécanisme était essentiel pour la protection “des droits et de la sécurité” de la population arménienne autochtone du Karabagh. Mais là encore, les autorités azéries ont clairement fait savoir le peu de cas qu’elles faisaient de ces droits, en martelant que les Arméniens du Karabagh, s’ils reconnaissaient leur autorité, n’auraient ni plus ni moins de droits que les autres habitants d’Azerbaïdjan, et seraient donc logés à la même enseigne qu’eux, celle de l’arbitraire du régime corrompu en place. Les ministres des affaires étrangères d’Azerbaïdjan Jeyhun Bayramov et d’Arménie Ararat Mirzoyan devaient se retrouver pour un nouveau tour de pourparlers mardi à Washington. Bayramov avait souligné la semaine dernière que Bakou ne donnerait pas son accord à un texte qui prévoirait des garanties spéciales de sécurité pour les Arméniens du Karabagh. Simonian a rejeté les déclarations de Bayramov, en voulant bien croire qu’ « ils accepteraient cela dans une certaine mesure ”. “Je pense que même maintenant, cela est fait pour placer haut la barre en amont des négociations et … qu’ensuite, ils feront un pas en arrière ”, a déclaré le président du Parlement arménien en s’exprimant devant les journalistes. Mais Simonian a nuancé ses propos par une mise en garde : “Si la question n’est pas discutée et réglée, cela signifiera que les négociations pourront être considérées pour l’essentiel comme dénuées de sens ”. Les leaders azéris n’ont cessé d’affirmer qu’ils excluaient toutes discussions sous médiation internationale avec Stepanakert, le président Ilham Aliyev déclarant ainsi en avril que les Arméniens du Karabagh “devront soit vivre sous l’autorité de l’Azerbaïdjan soit quitter ” leur patrie. Aliyev s’était montré plus menaçant encore à la fin mai en enjoignant les Arméniens du Karabagh à dissoudre leurs instances dirigeantes et à se soumettre sans condition à l’ordre azerbaïdjanais, au risque sinon de devoir faire face à une nouvelle opération militaire de Bakou. Le ministre azerbaïdjanais de la défense Zakir Hasanov s’est fait l’écho de telles menaces dans des déclarations retransmises par la télévision azérie lundi. “Nous ne prenons pas assez la mesure des capacités des formations armées illégales positionnées dans la zone économique du Karabagh de l’Azerbaïdjan”, avait déclaré Hasanov sur la chaîne de la télévision publique azerbaïdjanaise CBC en ajoutant toutefois : “Nous connaissons leur nombre, leurs armes, leur état d’esprit, et nous savons ce dont ils sont capables ”. “S’ils se livrent à quelques provocations ou actions illégales, alors le problème de ces formations armées illégales pourra être réglé par un seul corps de l’armée azerbaïdjanaise et encore, pas avectoute sa puissance de feu”, avait précisé le ministre, confiant dans la supériorité de son armée dont plusieurs rapports précisent pourtant qu’elle traverse une crise profonde. Les tensions le long de la “ligne de contact” du Karabagh et de la frontière arméno-azérie se sont très sensiblement accrues depuis le mois de mai, les parties en conflit se rejetant régulièrement la responsabilité des violations répétées et quasi quotidiennes de l’accord de cessez-le-feu théoriquement en vigueur depuis le 9 novembre 2020. Le gouvernement arménien avait mis en garde au début du mois contre une nouvelle guerre que pourrait livrer l’Azerbaïdjan contre le Haut-Karabagh et la politique de « nettoyage ethnique » en cours.
Alen Simonian accuse Bakou de vouloir torpiller le processus de paix
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