Le 8 novembre, un jour avant le deuxième anniversaire de la fin de la guerre, cérémonie à laquelle les élites zerbaïdjanaises ont assisté, Aliev a déclaré dans un discours prononcé à Shushi : » Nous n’avons peur de personne. Si nous avions peur de quelqu’un, nous n’aurions jamais commencé la deuxième guerre du Karabakh », a-t-il reconnu. C’est la première fois que les autorités azerbaïdjanaises admettent ouvertement avoir déclenché la guerre de 44 jours. Dès le début de la guerre, le 27 septembre 2020, l’Azerbaïdjan a accusé les forces arméniennes de rompre le cessez-le-feu.
Dans ce même discours, Aliev a également prévenu que l’Azerbaïdjan prendrait « les mesures nécessaires » si Erevan ne remplissait pas ses obligations. Dans ses remarques, il a de nouveau exigé que l’Arménie fournisse à Bakou un corridor terrestre qui relierait l’Azerbaïdjan continental à son exclave occidentale du Nakhitchevan. L’Arménie se dit prête à débloquer les liaisons de transport régionales, mais insiste pour maintenir sa souveraineté sur les routes traversant son territoire.
Il a également mentionné les derniers combats meurtriers le long de la frontière arméno-azerbaïdjanaise à la mi-septembre, à la suite desquels, a-t-il dit, les forces armées azerbaïdjanaises ont pris le contrôle des principales hauteurs stratégiques surplombant les positions militaires arméniennes. Il a également déclaré que les forces azerbaïdjanaises peuvent désormais observer visuellement les villes de Kapan et Goris dans la région du Siounik, au sud de l’Arménie, ainsi que le lac Sevan dans la province de Gegharkunik, à l’est de l’Arménie.
Aliev a aussi fait référence aux récents exercices militaires menés par l’Iran à la frontière avec l’Azerbaïdjan. » Notre armée a fait preuve d’héroïsme, de professionnalisme et d’altruisme lors de la [deuxième guerre du Haut-Karabakh]. Si nécessaire, nous le montrerons à nouveau. Nous obtiendrons ce que nous voulons, tout le monde le sait, et ceux qui mènent des formations militaires pour soutenir l’Arménie à notre frontière devraient également le savoir. Personne ne peut nous effrayer », a-t-il déclaré avec un air de défi.
Le lendemain, l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont de nouveau accusés mutuellement de violations du cessez-le-feu le long de leur frontière, faisant état de tirs en direction de leurs positions militaires respectives dans la nuit du 9 novembre.
Le ministère arménien de la Défense a déclaré mercredi matin que les forces armées azerbaïdjanaises ont tiré sur des positions militaires arméniennes le long de la frontière orientale dans la nuit. Il n’a fait état d’aucune victime et a déclaré que la situation à 10 heures du matin était « relativement stable ».
Les autorités militaires azerbaïdjanaises, quant à elles, ont accusé les forces armées arméniennes d’avoir tiré sur des positions azerbaïdjanaises le long de leur frontière occidentale.
Elles ont également affirmé que des « formations armées arméniennes illégales » ont tiré sur des positions militaires azerbaïdjanaises dans la partie orientale de la région du Karabakh.
Bakou n’a pas non plus signalé de victimes parmi son personnel militaire.
L’armée de défense arménienne du Haut-Karabakh a démenti ces accusations.
« Nous devrions toujours être prêts pour les provocations, car, bien sûr, ils feraient n’importe quoi. Ils nous détestent. Que devrions-nous faire ? C’est de la terreur informationnelle », a déclaré Babayan. Il a aussi condamné les déclarations d’Aliev. « Ce n’est rien d’autre qu’un appel à une politique génocidaire, une détermination à poursuivre une telle politique, à atteindre leurs objectifs, pour ainsi dire, à mener un autre génocide du peuple arménien », a-t-il accusé.
Aliev avait en effet expliqué lors de son discours que les forces de maintien de la paix russes au Karabakh, étaient déployées dans la région de façon temporaire et que la partie arménienne « ferait face à une nouvelle tragédie si elle s’en remettait à quelqu’un. »
Avec RFE/RL