Le Président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a de nouveau affirmé que l’Azerbaïdjan avait résolu le conflit du Haut-Karabagh lors de la guerre de l’année dernière et qu’il n’engagerait pas de pourparlers avec l’Arménie sur le statut de ce territoire.
M. Aliyev a déclaré jeudi qu’Erevan devrait plutôt reconnaître la souveraineté azerbaïdjanaise sur le Karabagh par le biais d’un « traité de paix » proposé par Bakou.
« Le peuple azerbaïdjanais est à juste titre mécontent de voir des déclarations (…) faites en France et en Amérique selon lesquelles le conflit doit être résolu », a-t-il expliqué à la télévision d’État azerbaïdjanaise. « Je leur répète que moi, le président de l’Azerbaïdjan, j’ai déjà résolu cette question, point final. Il n’y a pas de Haut-Karabagh, pas de statut. »
S’exprimant au lendemain d’une rencontre avec le Président russe Vladimir Poutine, Aliyev a affirmé que Moscou était en accord avec sa position. « La Russie et l’Azerbaïdjan estiment que la guerre est terminée et que les tendances revanchardes de l’Arménie ne doivent pas être autorisées », a-t-il déclaré.
Dans une déclaration commune publiée en avril, les médiateurs américains, russes et français qui codirigent le groupe de Minsk de l’OSCE ont appelé l’Arménie et l’Azerbaïdjan à reprendre les négociations sur une résolution « globale et durable » du conflit du Karabagh, sur la base de leurs propositions de paix d’avant-guerre. Ils se sont déclarés prêts à faciliter ces pourparlers, notamment en renouvelant les visites dans la zone de conflit.
Le Premier Ministre Nikol Pashinian a cité cette déclaration la semaine dernière lorsqu’il a contesté les déclarations d’Aliyev selon lesquelles la victoire de l’Azerbaïdjan dans la guerre de six semaines avait mis fin à ce conflit de longue date. M. Pashinian a clairement indiqué qu’Erevan continuerait à poursuivre « la réalisation du droit à l’autodétermination du peuple du Karabagh ».
L’ambassadeur de France en Arménie, Jonathan Lacote, a appelé vendredi à la reprise des pourparlers de paix sous la médiation des trois puissances mondiales.
« La réalité est que le statut du Haut-Karabagh doit être déterminé par des négociations dans le cadre du groupe de Minsk de l’OSCE », a déclaré M. Lacote à la presse.
Il a expliqué que l’ambassadeur de France en Azerbaïdjan ne s’est pas joint à d’autres diplomates en poste à Bakou pour visiter la ville de Shushi dans la partie du Karabagh contrôlée par l’Azerbaïdjan au début du mois, car le statut du Karabagh n’est toujours pas résolu.
Les ambassadeurs américain et russe à Bakou ont également évité le voyage organisé par le ministère azerbaïdjanais des Affaires Étrangères.
Pas plus tard que le 9 juin, le Ministre russe des Affaires Étrangères, Sergei Lavrov, a déclaré que « la question du statut du Haut-Karabagh n’est toujours pas résolue » et « qu’elle doit finalement être réglée avec la participation des coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE ».
Néanmoins, M. Lavrov a précisé que les médiateurs ne devaient pas se précipiter pour tenter de négocier un accord arméno-azerbaïdjanais à ce stade. Ils devraient plutôt se concentrer sur des mesures de confiance dans la zone de conflit du Karabagh, a-t-il déclaré aux journalistes à Moscou.
L’accord conclu sous l’égide de la Russie, qui a mis fin à la guerre arméno-azerbaïdjanaise en novembre dernier, prévoit un certain nombre de mesures de ce type, notamment le rétablissement des liaisons de transport entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
M. Lacote a reconnu le rôle de la Russie dans l’arrêt de la guerre et le maintien du cessez-le-feu dans et autour du Karabagh.
« La réalité actuelle est que la Russie assure la sécurité des Arméniens du Karabagh », a-t-il ajouté. « Sans les forces [de maintien de la paix] russes, il n’y aurait pas d’Arméniens au Karabagh aujourd’hui ».
Le diplomate français a également précisé que l’accord de trêve négocié par Poutine « n’a pas résolu toutes les questions », y compris celle concernant le statut du Karabagh, et doit être complété par un « processus politique » arméno-azerbaïdjanais, sous la médiation des coprésidents du groupe de Minsk.