Une querelle autour d’une exposition sur la déportation de juifs agitait jeudi Berlin alors même que le parlement marquait le 75e anniversaire d’un vote donnant les pleins pouvoirs à Hitler.
Le différend, qui oppose depuis plusieurs mois la compagnie des chemins de fer à une association qui a monté une exposition itinérante intitulé « le train du souvenir », a connu un nouvelle crise avant l’arrivée programmée pour ce week-end de l’exposition dans la capitale.
L’organisation responsable de l’exposition, installée dans deux wagons qui se déplacent de ville en ville, a réclamé que la Deutsche Bahn autorise son convoi à se ranger le long d’un quai de la nouvelle gare centrale ultra-moderne dans le centre-ville.
La Bahn a refusé, affirmant que l’arrêt du convoi à la gare centrale l’obligerait à reprogrammer 30 trains et que la locomotive à vapeur utilisée pour tirer le convoi risquait de déclencher les alarmes incendies de toute la gare, rapporte la presse.
La Bahn a proposé que l’exposition se tienne à la petite gare de Grunewald à Berlin où se trouve le « quai 17 », mémorial marquant l’endroit d’où 50.000 juifs berlinois ont été déportés vers les camps d’extermination à partir de 1941. La gare de Grunewald est excentrée et seulement desservie par un métro régional.
La querelle, qui a pour origine le refus de la Bahn d’autoriser l’exposition à circuler gratuitement sur ses voies ferrées, s’est récemment envenimée après qu’un responsable de la communauté juive a qualifié le patron des chemins de fer, Hartmut Mehdorn, de « nazi » et de « führer ».
Les députés allemands se sont recueillis jeudi matin au parlement, l’ancien Reichtag, là même où furent votés les pleins pouvoirs à Hitler, pour marquer l’anniversaire du vote parlementaire qui, selon le président du parlement, Norbert Lammert, a ouvert la route « à la destruction systématique de la démocratie » par Hitler.
Le vote avait eu lieu le 23 mars 1933, mais sa commémoration a été reportée d’une semaine en raison des congés de Pâques.