amnesty international a publié mercredi un portrait accablant de la situation des femmes en turquie et a dénoncé la tolérance des autorités à l´égard de ces actes à l´égard des que subiraient 30 à 50% d´entre elles.
"des centaines de milliers de femmes sont battues, violées, agressées physiquement ou verbalement, poussées au suicide ou tuées (…) par leurs pères, frères ou fils", (…) agissant parfois après décision du conseil de famille", a déclaré christina curry coordinatrice du rapport.
halya gowan, responsable d´amnesty international pour l´europe et le proche-orient, a de son côté demandé au gouvernement turc de lutter contre "les déficiences dans l´application des lois existantes" sur la protection des femmes et d´assurer que "le ministère public et la police enquêtent et condamnent les auteurs de violences contre les femmes".
le rapport déplore l´inaction des autorités compétentes "à tous les niveaux du système judiciaire", dès lors qu´elles sont confrontées à des affaires de violences familiales.
"les policiers considèrent souvent que leur devoir est d´encourager les femmes à rentrer à la maison et à ´faire la paix´ et renoncent à mener une enquête", précise le document.
selon amnesty le ministère public "refuse d´ouvrir des enquêtes (…) ou de prendre des mesures de protection pour les femmes en danger au sein de leur famille".
de nombreux cas de meurtres déguisés en suicides, notamment dans le sud-est de la turquie à majorité kurde, ne font ainsi l´objet d´aucune enquête.
"si un suspect nie les accusations de viol ou d´autres violences prononcées par son épouse, la police ou le procureur abandonne souvent l´affaire avant toute enquête", explique le rapport.
quand une affaire parvient jusqu´aux tribunaux, l´accusé bénéficie souvent de la tolérance des juges à l´égard des "crimes d´honneur".
le parlement turc a aboli en juillet 2003 les réductions de peine dont peuvent bénéficier les auteurs de crimes dits "d´honneur" -en général relatifs au comportement sexuel des femmes de la famille.
toutefois, "les peines dans ce genre d´affaires sont toujours laissées à la discrétion des juges, qui continuent de prendre en compte la ´provocation sérieuse´ que constitue une atteinte à la tradition ou à l´honneur pour, le plus souvent, réduire la sanction", déplore le rapport.
des dizaines de femmes, surtout dans l´est du pays, seraient victimes chaque année de ces crimes.
amnesty dénonce en outre les mariages forcés, notamment dans l´est où, selon une étude, près de 45% des femmes ne seraient pas consultées par leurs familles sur le choix d´un époux.
près de 57% des femmes sans éducation dans ces régions s´attendent d´ailleurs à ce que la famille choisisse pour elle un conjoint, proportion ramenée à environ 9% pour celles qui ont une éducation secondaire ou universitaire.
amnesty souligne par ailleurs que la pratique du "berdel" perdure dans certaines campagnes où, pour éviter d´avoir à payer une dot pour trouver une épouse, certaines familles pauvres échangent leurs filles pour marier leurs fils.