Toutes les options, militaire comme diplomatique, « sont sur la table » dans la lutte contre les séparatistes kurdes du PKK réfugiés dans le nord de l’Irak, a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Ali Babacan.
« La Turquie a différents instruments à sa disposition face au PKK », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Téhéran, où il était en visite.
« Par exemple, nous pouvons utiliser ou continuer à utiliser des moyens diplomatiques, ou bien recourir à des moyens militaires. Toutes ces options sont sur la table, pour ainsi dire », a-t-il ajouté.
Babacan, qui a rencontré son homologue iranien Manouchehr Mottaki, a ajouté que la lutte contre le terrorisme était d’une « énorme importance » pour la Turquie, tout comme l’intégrité territoriale de l’Irak.
« Les deux choses ne sont pas contradictoires. Notre objectif est de frapper les groupes terroristes (…) Nous n’avons aucune arrière-pensée concernant le territoire irakien et ses ressources », a-t-il souligné.
Le chef de la diplomatie turque a remercié l’Iran pour son aide dans la lutte contre le PKK et a ajouté avoir parlé de la poursuite de cette coopération au cours de ses discussions à Téhéran.
Lors de cette conférence de presse, Mottaki a rappelé que l’Iran condamnait « les récents actes de terrorisme commis par le PKK en Turquie » et a souligné « la nécessité de lutter contre les terroristes ».
AHMADINEJAD TELEPHONE A MALIKI ET TALABANI
Le gouvernement de Bagdad a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait téléphoné au Premier ministre irakien Nouri al Maliki et au président Djalal Talabani pour parler de ce dossier.
Ahmedinejad, tout en dénonçant les « activités terroristes » du PKK, privilégie une solution pacifique à la crise afin d’éviter une intervention de l’armée turque dans le nord de l’Irak, ont fait savoir les Irakiens.
« Les deux hommes sont convenus de la nécessité de s’opposer aux activités terroristes du PKK, qui nuisent aux intérêts de l’Irak, de la Turquie et de l’Iran », précisent les services de Maliki dans un communiqué.
« Ils conviennent que l’action militaire n’est pas la seule option pour régler cette crise, qui doit être résolue par des moyens pacifiques. »
Le président iranien a également téléphoné à son homologue irakien Djalal Talabani, un Kurde, pour dire « sa solidarité avec le peuple irakien qui désire vivre en paix » et offrir son aide en vue de faire baisser la tension à la frontière irako-turque.
Talabani, précisent ses services, « a exprimé l’espoir que le président Ahmadinejad puisse convaincre le ministre turc des Affaires étrangères Ali Babacan, actuellement en Iran, que le langage du dialogue et de la compréhension doit l’emporter sur celui de la menace et de l’option militaire ».
Samedi, le Premier ministre turc Tayyip Erdogan a une nouvelle fois menacé d’ordonner à son armée d’effectuer une incursion contre les rebelles kurdes dans le nord de l’Irak, après l’échec de pourparlers turco-irakiens visant à éviter ce scénario.
Les dirigeants turcs ont jugé inadaptées les propositions d’une délégation irakienne venue tout spécialement vendredi à Ankara.
Près de 100.000 soldats turcs ont été déployés le long de la frontière irakienne dans l’attente d’une éventuelle opération contre les 3.000 combattants du PKK réfugiés en Irak.
Les Etats-Unis sont opposés à toute intervention de grande ampleur, craignant qu’elle ne déstabilise une région de l’Irak jusqu’ici relativement épargnée par les violences.