Après la guerre et le blocus, les Abkhazes survivent

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Nariné, ingénieur, vend des journaux au marché de Soukhoumi. Elle aime « la douceur de vivre » en Abkhazie, territoire séparatiste de Géorgie, mais songe à déménager en Russie dans l’espoir d’une vie meilleure.

Dans cette région à moitié détruite par la guerre avec les Géorgiens en 1992-93 et qui revendique aujourd’hui pour elle-même le « prédécent » du Kosovo, l’économie peine à redémarrer.

La famille de Nariné survit grâce à son salaire, inférieur à 5.000 roubles (200 dollars ou 135 euros), et à l’aide de ses parents, médecins. Son mari, plombier, est au chômage après avoir travaillé comme ouvrier et gardien dans des magasins.

« Je ne renonce à aucun boulot, je distribue des produits de beauté, fais des gâteaux sur commande », raconte cette brune menue et souriante de 38 ans.

« Je gagne tout juste pour acheter de la nourriture et de jolis vêtements pour ma fille de 15 ans », raconte-t-elle.

Elle s’achète parfois des vêtements à crédit sur un marché aménagé dans une usine abandonnée, qui fabriquait à l’époque soviétique des stylos à bille et des pièces militaires.

Aujourd’hui, anciens institutrices et musiciennes y vendent bijoux, habits et téléphones portables pour joindre les deux bouts.

Nariné adore « le rythme calme » et l’ambiance subtropicale de Soukhoumi, où les voitures sont rares et les mirabelliers et mimosas sont en fleurs en mars quand la Russie centrale, où elle s’apprête à déménager, grelotte sous la neige.

« Mais il faut que ma fille fasse ses études en Russie, elle aura plus de perspectives » là-bas, explique Nariné. Comme elle, nombre d’Abkhazes comptent avant tout sur la Russie, le grand voisin du nord, qui maintient à flot le territoire séparatiste à défaut de le reconnaître.

Sur son étal, on trouve, outre la presse locale, journaux populaires russes et magazines sur papier glacé. C’est Elena, 45 ans, entraîneur de natation qui les amène trois fois par semaine de Russie sur des chariots que son mari, Alexandre, fonctionnaire local, peine à pousser.

« Elle a vieilli avant terme à cause de ça », avoue Alexandre, 62 ans, qui touche lui-même à peine plus 5.000 roubles (200 dollars ou 135 euros) par mois.

Dans cette ville où tous se connaissent, il préfère ne pas se montrer dans le « business » des journaux. Mais profitant de ses liens, il peut rappeler aux ordres des douaniers russes s’ils demandent à Elena des bakchichs déraisonnables.

Cette république autoproclamée, dont la plupart des habitants ont des passeports russes, faisait depuis 1996 l’objet de sanctions économiques que Moscou a annulées début mars après la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo, sans impact immédiat.

Cette situation de blocus économique a en revanche fait fleurir la corruption : les « dons » sont automatiquement exigés au poste-frontière qu’il s’agisse de liquidités, de mandarines ou d’un simple bouquet de coriandre fraîche.

« Le salaire dans le secteur public est de l’ordre de 100 dollars, entre 200 et 500 dans le secteur privé », explique l’économiste Beslan Baratelia et l’un des leaders du parti du Développement économique de l’Abkhazie.

« L’argent se gagne au noir : les gens revendent des produits russes, accueillent des touristes, vivent de leur lopin dans les campagnes. Comme le niveau de l’éducation n’est pas très élevé dans les écoles, les instituteurs donnent des cours privés pour que leurs élèves puissent entrer dans les universités », explique M. Baratelia.

Alexandre et Elena vivent dans une maison qui leur a été attribuée après la guerre en 1993 et n’a jamais été rénovée. Des ampoules nues sont accrochées aux murs, des couvertures de laine remplacent les portes.

« Revenez chez nous dans cinq ans, les travaux seront peut-être finis », lance Alexandre, déclenchant un éclat de rire dubitatif chez sa fille Vera, 18 ans.

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Author: raffi

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