Après Tokyo, David Elliot, gourou d’art contemporain, se frotte à Istanbul et au génocide des Arméniens de 1915

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En l’espace de cinq ans, le Britannique David Elliot, premier conservateur étranger à avoir dirigé un musée d’art japonais, a bouleversé les codes de la scène culturelle tokyoïte en attirant des foules à la Tour Mori, haut lieu d’art contemporain perché au sommet d’un gratte-ciel.

Agé de 57 ans, Elliot, qui vient de se retirer de la direction du Mori Art Museum (MAM), espère générer le même enthousiasme en Turquie, où il a pris la tête du Musée d’art moderne d’Istanbul début novembre.

« Pendant toute ma carrière, j’ai dû soit entièrement inventer de nouveaux lieux, soit devoir en ressusciter d’autres », a expliqué le Britannique à la flamboyante chevelure argentée avant de partir pour Istanbul.

Nommé en 2001, à la tête du MAM, qui fut inauguré deux ans plus tard, Elliot en a fait l’un des musées les plus populaires de la capitale nippone, même si certains attribuent également son succès à l’emplacement stratégique du musée.

Situé au 53e étage du Mori Building, un gratte-ciel et centre commercial ultramoderne, le MAM offre une vue imprenable sur Tokyo et le quartier de Roppongi, un des endroits les plus branchés de la mégalopole où se mêlent célébrités, « fashion victims », touristes et hommes d’affaires. En faisant le choix de l’éclectisme et de l’originalité, Elliot a réussi à attirer des milliers de Japonais qui n’auraient sans doute jamais franchi la porte de ce musée.

Parmi ses réussites: l’exposition « Happiness » (bonheur) qui a réuni les oeuvres d’artistes de diverses époques et nationalités allant du maître fauviste Henri Matisse au chef de file du pop-art japonais, Takashi Murakami, autour de l’évocation artistique du sentiment de bonheur. Comme il l’avait fait auparavant au Musée d’art moderne d’Oxford puis à Stockholm, Elliot a aussi fait le choix des arts non occidentaux, africain et chinois.

Et le public japonais, dont il vante l’esprit ouvert, l’a suivi.

Le Japon, dit-il, possède l’un des arts les plus « énergiques, excentriques, voire +pervers+ au monde », observe M. Elliot.

En Turquie, où il vient de prendre les rênes du Musée d’art moderne d’Istanbul, le Britannique s’attend à une mission plus « délicate », sensibilités politico-religieuses obligent.

« Ils (les Turcs) ont une légère tendance à vouloir censurer des artistes de premier plan, notamment des grands écrivains. Et ils sont particulièrement sensibles aux questions politiques », souligne-t-il.

L’attribution du prix Nobel de littérature à Orhan Pamuk le 12 octobre a ainsi donné lieu à des réactions mitigées en Turquie, où il est considéré comme un « renégat » par les milieux nationalistes en raison de déclarations dissidentes sur le conflit kurde et du génocide des Arméniens en 1915.

Pour autant, Elliot ambitionne de proposer au public turc des expositions susceptibles de braver l’opinion commune. « Si (l’art) est bon, n’importe qui peut l’apprécier de n’importe quelle manière. Et il y a vraiment de nombreuses façons d’apprécier quelque chose, » dit-il.

« S’il pêche par simplicité ou n’offre pas une multitude de facettes, c’est que cet art n’est vraisemblablement pas très bon, » assure-t-il.

L’établissement, dont il a pris la direction à Istanbul, est le premier grand musée de Turquie dédié à l’art moderne. Il a ouvert ses portes en décembre 2004 dans un ancien entrepôt douanier rénové, situé sur la rive du Bosphore, à cheval entre l’Europe et l’Asie.

« L’endroit, la situation — géographiquement, géopolitiquement, artistiquement — est absolument fascinant », se réjouit David Elliot. « Non seulement la Turquie, mais aussi la région dans son sens le plus large — les Balkans, le Caucase l’Asie de l’Ouest, le Moyen-Orient, et même l’Afrique du Nord– est en train de changer de multiples façons », assure-t-il, en ajoutant: « Et les artistes reflètent et même anticipent ces évolutions ».

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Author: raffi

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