Le président Armen Sarkissian a fait part mardi de son intention de cesser de bloquer le limogeage du plus haut général de l’armée arménienne exigé par le Premier ministre arménien.
Nikol Pachinian a adressé une demande écrite en ce sens à Armen Sarkissian la semaine dernière, requérant sa signature sur un décret déchargeant le général Onik Gasparian de ses fonctions, et ce peu de temps après que le chef de l’état-major de l’armée arménienne et 40 autres officiers de haut rang ont publié une déclaration commune accusant le gouvernement de mauvaise administration et exigeant sa démission. Pachinian a rejeté la demande et l’a qualifiée de «tentative de coup d’État militaire».
Armen Sarkissian a refusé de signer un tel décret samedi, affirmant qu’il semble inconstitutionnel et aggraverait la crise politique «sans précédent» que traverse le pays. Nikol Pachinian a critiqué ce refus, qui selon lui est «non fondé», et a fait une nouvelle requête à Sarkissian pour faire renvoyer Gasparian.
En vertu de la loi arménienne, le président peut désormais continuer à bloquer ou au moins à retarder le limogeage uniquement en demandant à la Cour constitutionnelle de déclarer le décret rédigé par le Premier ministre inconstitutionnel. Dans le cas contraire, le décret entrera en vigueur même si Sarkissian refuse de le signer une seconde fois.
«Le président a décidé de ne pas signer le projet de décret», a annoncé le bureau du président arménien dans un communiqué publié hier.
Mais concrètement, le bureau n’a annoncé aucune décision de contester sa légalité devant la Cour constitutionnelle. Cela signifie que Gasparian perdra automatiquement son poste si le chef de l’Etat ne fait pas appel au tribunal d’ici jeudi matin.
Le Mouvement pour le salut de la patrie, une alliance d’opposition qui fait campagne pour la démission de Pachinian, n’a pas tardé à exprimer sa profonde inquiétude face à la décision apparente d’Armen Sarkissian de s’abstenir d’un tel recours. Ses dirigeants ont exigé une rencontre urgente avec lui.
L’alliance accuse Pachinian d’être responsable de la défaite de l’Arménie lors de la guerre d’automne contre l’Azerbaïdjan et souhaite qu’il démissionne. En conséquence, il avait salué la déclaration sans précédent publiée par les hauts gradés de l’armée.
Armen Sarkissian a déjà rencontré des dirigeants de l’opposition ainsi que des députés progouvernementaux et Gasparian, avant de prendre sa première décision sur la question ce week-end.
Pachinian a rendu visite à Armen Sarkissian lundi. S’adressant à des milliers de partisans qui se sont rassemblés sur la place de la République d’Erevan plus tard dans la journée, il a exhorté le président à cesser de s’opposer au limogeage de Gasparian.
Dimanche, un haut député proche de Pachinian a suggéré qu’Armen Sarkissian lui-même semble avoir violé la Constitution arménienne et pourrait être destitué à cause de cela. Le président arménien a réagi par la suite, insistant sur le fait qu’il avait agi «de manière impartiale» et en stricte conformité avec la Constitution.
