« Souffrez avec ceux qui souffrent » nous enseigne l’apôtre Paul dans la Bible .
L’Arménie et l’Artsakh sont aujourd’hui en grande souffrance.
Depuis le 12 Décembre 2022 le couloir de Latchine est bloqué : 120 000 arméniens, dont 30 000 enfants sont coupés du monde et vivent dans une grande détresse. Nous assistons impuissants à un véritable ethnocide.
Tout à été essayé pour mettre fin à ce véritable drame humain. Mais en vain.
Jeudi 16 Février à Alfortville nous avons vécu un grand moment de solidarité avec deux orateurs d’une grande qualité : Pierre Jova, journaliste à l’hebdomadaire » La vie » et René Léonian, Pasteur et Président de l’Union des Églises évangéliques arméniennes d’Eurasie.
Le thème de la soirée était : Quel espoir aujourd’hui pour le peuple arménien en Arménie et en Artsakh?
Chacun d’eux, avec leurs mots, leur expérience du terrain, avec de nombreuses photos et cartes, ont su captivé l’auditoire et apporter de précieux éclairages sur le pourquoi de cette situation. Ils ont essayé à leur façon de présenter des pistes d’espoir pour sortir de cette situation bloquée.
Pierre Jova, s’est appuyé sur ses deux séjours suite aux guerres récentes. Il a rappelé le drame de la population et leur détermination à ne rien céder et à continuer à se battre et à reconstruire.
Le Pasteur Léonian a replacé la guerre de l’Artsakh dans le contexte géopolitique de la région et à la lumière de l’histoire de l’Arménie depuis l’Ourartou jusqu’à nos jours.
Les raisons d’espérer sont très minces. Chacun des orateurs a formulé les siennes.
Pour Pierre Jova il en voit trois :
1-Qu’Erdoğan ne soit pas réélu au printemps et que les nouvelles générations acceptent enfin de regarder en face la blessure du génocide des arméniens et que des relations apaisées se restaurent entre les deux peuples sur la base de la vérité historique.
2-Que les Arméniens de la diaspora soient de plus en plus nombreux à retourner vivre en Arménie pour apporter leurs compétences.
3-Que le peuple arménien, en Arménie et en diaspora redécouvre la centralité de la foi chrétienne et des valeurs de l’évangile comme au temps de Vartan Mamigonian.
Pour René Léonian qui a une longue expérience de l’Arménie, de la diplomatie ( il était chef de chancellerie au début de la création de l’ambassade d’Arménie à Paris), il a vécu 17 années en Arménie juste après l’indépendance, il a côtoyé, et jusqu’à aujourd’hui les différents Présidents et Premiers ministres de tous bords politiques, son regard est très mesuré.
A ses yeux le contexte géopolitique est piégé à cause des appétits de ses différents voisins qui veulent imposer leur influence par tous les moyens, parmi lesquels : la Russie qui est imprévisible et qui ne veut pas lâcher la région du Caucase, la Turquie qui ne cesse de louvoyer pour atteindre son objectif de panturquisme et l’Europe et les États Unis qui font de belles déclarations de solidarité avec le peuple arménien qui restent que des paroles sans effet concret. A ses yeux nous ne pouvons espérer de grands résultats des instances internationales.
Par contre il a insisté sur la nécessité sur pour les arméniens de tout bord et quel que soit leur niveau de responsabilité d’arrêter ces guerres intestines qui nous fragilisent et qui nous divisent. Nous vivons des temps d’une gravité extrême. À tout moment, non seulement l’Artsakh peut disparaître, mais l’existence même de l’Arménie est en péril. Il est temps au lieu de nous opposer, de mutualiser nos forces. Notre peuple a un besoin urgent d’hommes et de femmes de paix, de dialogue : intègres et désintéressés, afin d’unir nos forces vers une véritable réconciliation nationale en Arménie et en diaspora diaspora.
Et il a insisté pour que ce mouvement d’unité nationale, trouve aussi son efficacité dans la redécouverte de la force de la prière. Les conducteurs spirituels de nos trois églises : apostoliques, catholiques et évangéliques ont une grande et belle mission. Cela en complément de tous les efforts politiques nécessaires, en encourageant, un esprit de prière unitaire par des rencontres communes de tous nos fidèles.
Et pour illustrer cette nouvelle voie, nous avons terminé cette rencontre de qualité par une prière commune avec toute l’assemblée, dirigée par les représentants des 3 églises : le Pére Dirayr, Mgr Dominique Blanchet, Évêque de Créteil et Vice- Président de la Conférence des évêques de France, les Pasteurs René et Gilbert Léonian.
Avant la prière, Mgr Blanchet a rappelé son soutien personnel et celui des évêques de France au combat du peuple arménien et la nécessité de le faire connaître.
Étaient aussi présents lors de cette soirée : Etienne Lhermenault : Directeur de l’Institut biblique de Nogent sur Marne, des membres du comité œcuménique , des pasteurs du CNEF 94.
La soirée s’est terminée par un moment de partage convivial dans la salle paroissiale.
Pasteur Gilbert LÉONIAN
