Le réputé cinéaste Atom Egoyan, peut-être le plus connu des Canadiens d’origine arménienne, a fait l’éloge de la position controversée prise par le premier ministre Stephen Harper en faveur de la reconnaissance du génocide arménien.
«Je crois que le gouvernement Harper a pris une position courageuse», a déclaré M. Egoyan en entrevue, mercredi 10 mai 2006. Il constate que «très souvent les gouvernements conservateurs semblent plus responsables, moralement, qu’on pourrait l’imaginer».
M. Harper est devenu récemment le premier premier ministre canadien à déclarer publiquement que les décès d’environ 1,5 million d’Arméniens au cours de la Première Guerre mondiale constituaient un génocide.
Sa déclaration a causé un différend diplomatique avec le gouvernement de Turquie. Et la presse turque a évoqué la possibilité que le Canada se voie refuser le droit de soumissionner le lucratif contrat de vente de réacteurs destinés à la première centrale nucléaire turque.
Atom Egoyan, dont le film Ararat, tourné en 2002, traite du génocide arménien, a affirmé avoir subi des pressions du gouvernement turc au sujet de son film et de ses prises de position, et selon lui, les gouvernements et les particuliers ne doivent pas céder aux pressions.
À son avis, la seule façon de faire avancer les choses sur cette question est de tenter d’obtenir une reconnaissance du génocide de la part du plus grand nombre de pays possible et d’isoler le gouvernement turc.
En 2004, la Chambre des communes a adopté une résolution qui dépeignait ce qui s’est passé en Arménie comme un génocide, mais le gouvernement libéral de l’époque avait affirmé que cela ne constituait pas la politique officielle du gouvernement. Dans ses propos, M. Harper est allé plus loin qu’aucun gouvernement précédent en parlant de génocide.
Ankara a récemment rappelé son ambassadeur à Ottawa, et vient de retirer sa participation à un exercice aérien multinational qui devait avoir lieu à la base des Forces armées canadiennes en Alberta.
Une querelle similaire oppose la Turquie à la France. Le gouvernement français propose d’adopter une loi qui ferait un crime de la négation du génocide arménien.