Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé vendredi 15 avril 2006 que la piste dans l’enquête concernant l’attentat qui a fait dix morts mardi à Diyarbakir (sud-est), menait vers les rebelles kurdes tandis qu’une marche était prévue aujourd’hui dans la ville.
M. Erdogan qui a répondu aux questions des journalistes lors d’une visite à Siirt, sa ville-circonscription située à 200 km à l’est de Diyarbakir, a exclu que l’attaque ait été l’oeuvre d’un groupe nationaliste qui a pourtant revendiqué cette action.
« Il y a des preuves qui montrent que ce n’est pas eux », a-t-il dit.
Interrogé sur le fait qu’il puisse s’agir d’un acte des séparatistes du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), M. Erdogan a déclaré: « Pour l’instant il apparaît que oui, l’enquête mène vers eux ».
Un groupe peu connu, la Brigade turque de la vengeance (TIT) a revendiqué l’attaque sur son site internet, indiquant sa volonté de venger les victimes du PKK. Les autorités avaient indiqué douter de cette revendication.
Vendredi, la police a pour la première fois depuis l’attentat montré du doigt le PKK qui mène depuis 1984 une lutte armée contre le pouvoir d’Ankara.
« D’après toutes les preuves que nous avons recueillies et les analyses des artificiers (…) il apparaît que cet incident est similaire à d’autres attaques commises par l’organisation séparatiste terroriste », en l’occurence le PKK, a indiqué le porte-parole de la police, Ismail Caliskan, aux journalistes à Ankara.
Il a expliqué que le type d’explosif utilisé menait à la piste du PKK.
L’explosion d’un engin près d’un parc fréquenté en pleine ville a tué 10 personnes, dont huit enfants (bien huit), et blessé 14 autres, dont quatre sont toujours soignés à l’hôpital.
Selon un ministre qui a parlé au journal Vatan, c’est une faction radicale au sein du PKK qui serait à l’origine de l’attentat.
« Nous croyons que ce sont des partisans d’un durcissement de la rébellion du PKK qui en sont les auteurs », a indiqué le responsable qui a souhaité garder l’anonymat.
Selon les autorités locales, la bombe dissimulé dans une bouteille thermos a explosé prématurément. La cible serait en fait un complexe policier situé à un peu plus d’un kilomètres du lieu de l’explosion.
L’attentat est intervenu au lendemain d’un appel au cessez-le-feu lancé par le principal parti pro-kurde du pays, le DTP, envers le PKK.
« Il y a des divisions (dans le PKK), il y a des faucons », a souligné le ministre qui a indiqué croire que l’attentat visait notamment à empêcher que le PKK proclame une trêve.
Une marche silencieuse est prévue samedi sur l’artère où s’est produite l’explosion à l’appel d’ONG locales.
Jeudi, des centaines de manifestants se sont heurtés aux forces de l’ordre dans la ville, accusant le gouvernement de voiler les identités des responsables.