Au Karabakh, soigner en sous-sol, jusqu’à la victoire

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Stepanakert (Azerbaïdjan), 15 oct 2020 (AFP) – Dans les sous-sol d’un
hôpital du Nagorny Karabakh, le regard vide, les traits tirés, un jeune soldat
à la main bandée se laisse enlever la veste par des infirmières. Plus loin, un
autre est allongé sur un lit, le pied serré dans un bandage maculé de sang.
Dans le coin d’un couloir, des paires de rangers poussiéreuses sont
rassemblées là, les unes contre et sur les autres. A côté, des infirmières
posent en tas sur le sol des treillis sales, certains avec des traces de sang.
Le front n’est pas loin. Les combats y font rage depuis le 27 septembre
entre troupes azerbaïdjanaises et combattants séparatistes arméniens.
« Dès le premier jour de la guerre, je suis venu ici pour aider nos citoyens
et nos soldats… Pour faire mon travail », raconte à l’AFP mercredi le docteur
Ara Aïvazian, 42 ans, qui demande à ce qu’on ne révèle pas l’emplacement de
l’hôpital où il exerce.
Ici, aussi bien les civils que les militaires du Karabakh, blessés au front
ou dans les bombardements, sont soignés, explique le médecin, bandana coloré
sur la tête, motivé à l’idée de sauver des vie car « chaque vie d’un citoyen
arménien a de la valeur ».
« Aujourd’hui ? Je n’ai pas compté », répond-il à la question de savoir le
nombre d’opérations effectuées.
« C’est chaque jour différent. Nous avons des jours avec très peu de
blessés. Nous avons des jours où il y a une file d’attente pour la salle
d’opérations (…) Hier (mardi) ça a été un jour très difficile, toute la
journée nous étions » au bloc opératoire, dit-il.
« Cela dépend où ils (les forces azerbaïdjanaises) frappent et combien de
fois ils frappent. Parfois ils ciblent les citoyens innocents, les enfants,
les adultes… Et quand ils frappent les maisons de ces gens, les familles
entières viennent à notre hôpital », ajoute-il.
Dans les couloirs des sous-sols éclairés aux néons, dont l’entrée est
gardée par des militaires armés en uniformes, des infirmières se réconfortent,
une autre s’isole et se tient la tête dans les mains, le visage tourné vers le
sol, comme épuisée nerveusement.
– A quel prix ? –
« Tout ce que nous avons vu ces derniers jours a de quoi nous rendre fous,
nous ne pouvons pas continuer comme ça… Mais s’il vous plaît, restez aux
côtés de nos soldats, aux côtés de notre peuple », implore les yeux rougis, au
bord de larmes, Nouneh Ohanian, une femme médecin de 49 ans.
« Parfois des soldats arrivent ici et nous encouragent, beaucoup de soldats
blessés nous encouragent, en disant que nous allons gagner. Mais quand la
victoire va-t-elle arriver, et à quel prix ? Nous ne savons pas »,
s’interroge-t-elle.
Les combats ont fait plus de 620 morts depuis fin septembre, selon des
bilans partiels qui pourraient être bien plus lourds, l’Azerbaïdjan ne
communiquant pas les décès parmi ses troupes. Le nombre des blessés n’est pas
connu.
Pour le docteur Ara Aïvazian, travailler sous les bombardements « au début
c’était problématique », mais maintenant, avec l’expérience ils savent
déterminer au son des explosions le type d’armes et la distance.
« Vous voyez », montre-t-il, « tout autour d’ici, ce sont des frappes de
(roquettes) Grad, Smertch, des très gros trous de frappes aériennes de
missiles. C’est presque habituel ».
Lui, n’a en tout cas aucune intention de partir malgré le danger. « Je
resterai jusqu’à ce que nous gagnons. Jusqu’au dernier soldat et au dernier
citoyen qui aura besoin d’aide ».

Par Dylan COLLINS

La rédaction
Author: La rédaction

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