Au Kurdistan irakien, des villageois fuient les tensions avec la Turquie

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Un an après avoir fui la violence endémique de Bagdad et s’être réfugié au Kurdistan irakien, Emmanuel plie de nouveau bagage, par crainte d’une incursion militaire turque contre les rebelles kurdes de la région.

Emmanuel, qui ne souhaite pas donner son nom, est irakien de confession chrétienne. Il vivait à Bagdad dans la banlieue de Dora, où il possédait une boutique de spiritueux, jusqu’à ce que des extrémistes islamistes le menacent de mort, l’obligeant à fuir la capitale irakienne déchirée par les violences confessionnelles.

Cet homme de 43 ans, père de deux enfants, et sa femme se sont alors réfugiés dans le village de Sharansh, près de la frontière turco-irakienne, au coeur de la région autonome du Kurdistan irakien (nord).

« Qui aurait imaginé qu’après avoir fui Bagdad, ses attentats à la voiture piégée et la violence, j’aurais de nouveau à chercher un refuge sûr », déplore-t-il.

« Même ce village magnifique n’est plus sûr », ajoute-t-il en désignant les montagnes et les plantations d’orangers qui entourent cette petite bourgade perdue dans la montagne à 500 km de Bagdad.

Le cas d’Emmanuel n’est pas isolé.

Ces dernières semaines, des dizaines de familles chrétiennes réfugiées au Kurdistan irakien ont repris le chemin de l’exode de crainte d’incursions de l’armée turque contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

La Turquie estime que quelque 3.000 membres du PKK utilisent le nord de l’Irak comme base arrière pour leurs opérations dans le sud-est de l’Anatolie.

En juin, l’Irak a officiellement protesté contre un bombardement turc de villages de la province de Dohouk, où Sharansh est situé.

« Plusieurs obus sont tombés autour de Sharansh. La situation est tendue », explique Emmanuel.

« La Turquie a massé des troupes à la frontière. Les gens ont peur et je ne veux pas me réveiller un matin et découvrir que l’armée turque nous a encerclés. C’est la raison pour laquelle je pars », dit-il.

Début août, Bagdad et Ankara ont signé un document de coopération contre les rebelles kurdes de Turquie installés dans le nord de l’Irak, ce qui a priori exclurait une opération militaire turque.

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki avait mis en garde Ankara contre toute ingérence dans cette région et les Etats-Unis ont averti qu’une opération militaire déstabiliserait encore davantage l’Irak.

Mais, selon des experts turcs, le gouvernement Maliki, déjà en proie à une grave crise politique, dispose de peu de moyens pour persuader les Kurdes d’Irak d’agir contre le PKK.

En attendant, des familles entières continuent à fuir la région.

« Nous avions l’habitude de venir à Sharansh pour le week-end et les vacances d’été (…) mais aujourd’hui nous avons peur », explique Hajji Hassan, un Kurde irakien de la ville de Zakho, principale agglomération de la province de Dohouk, qui était venu trouver un peu de fraîcheur dans le village.

De son côté, un avocat kurde irakien, Mahmoud Othman, espère une solution non violente.

« La Turquie doit reconnaître des droits aux Kurdes et dialoguer avec le PKK » pour mettre un terme à ce conflit qui a fait plus de 37.000 morts depuis que le Parti des travailleurs a pris les armes en 1984, dit-il.

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Author: raffi

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