Aussi longtemps que la Turquie ne reconnaitra pas le génocide…

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« Une nation, ce n’est pas seulement une frontière et un état, c’est avant tout une mission »

(Charles Péguy)

Vous êtes les descendants des survivants d’un peuple très ancien. Vous êtes enracinés dans votre culture, mais déracinés de vos terres. Cette situation aurait pu vous détruire : elle a au contraire généré chez vous une volonté inexorable et inébranlable d’exister. Votre instinct de survie vous a conduit à transmettre votre arménité à tout prix et, à rebâtir ainsi votre avenir.

Vous êtes les descendants des survivants qui ont choisi la France, terre de Pascal, de Descartes, des droits de l’homme. Il est loin le passage des plaines du désert de Deir-Er-Zor à la verte campagne française. Il est long le chemin parcouru !
Je suis admiratif de ce courage et, de cette volonté à vous intégrer dans toutes les couches socio-professionnelles : du cordonnier au tailleur, du médecin à l’artiste…

Vous êtes les descendants des survivants d’un peuple chrétien. En effet depuis 301, le christianisme reconnu comme religion d’Etat a été la base de la nation arménienne. Il a permis de nombreux échanges avec la France capétienne, le dernier roi d’Arménie n’était-il pas le roi de France Léon VI de Lusignan, enterré à Saint Denis ?

Outre sa fonction cultuelle, votre Eglise a joué un rôle socio-culturel et s’est retrouvée être le ciment unitaire de tous les Arméniens. Vous avez su exprimer et faire vivre votre dualité de cultures. Cette alchimie donnée, vous a façonné une originalité propre et forte. Ce constat je le vis au quotidien avec les élus d’origine arménienne, avec lesquels je travaille dans mon groupe politique à Lyon.

Tout au cours de ma vie politique, j’ai soutenu les initiatives qui concourraient à la reconnaissance du génocide des Arméniens. Je suis intervenu auprès des sénateurs pour leur demander d’user de leur influence afin que le projet de loi « portant reconnaissance du génocide des Arméniens » soit inscrit à l’ordre du Sénat.

Enfin, après des décennies de combat de la part de votre Communauté, l’Assemblée Nationale a voté à l’unanimité la reconnaissance du génocide des Arméniens. J’étais là, je m’en suis réjoui et félicité. C’était la suite logique de mon engagement qui m’avait conduit en tant que Président de la Région Rhône-Alpes, à accorder une aide au Fonds Arménien en 1994.

Aussi longtemps que la Turquie ne reconnaîtra pas officiellement cette page trouble de son histoire, il n’y aura pas d’apaisement possible pour les descendants de ces survivants. C’est pourquoi, dans l’avenir, en tant que responsable politique, je suivrai avec vigilance, le déroulement de la nouvelle commission de réconciliation arméno-turque (CRAT) et serai attentif à ses travaux et ses conclusions.

Il faut s’élever avec très grande vigueur contre l’idée que la véracité historique du génocide des Arméniens reste à démontrer. Pour les historiens, ce génocide ne fait aucun doute et il est temps que la Communauté internationale mette la Turquie devant ses responsabilités.

Un pays qui ne respecte pas la démocratie, qui bafoue les minorités, les droits de l’homme, peut-il être intégré dans la Communauté Européenne ? Un pays qui reconnaît les erreurs du passé en ressort grandi et peut faire la paix avec sa conscience historique. En fait, au-delà du préjudice moral, la Turquie ne craint-elle pas de devoir évoquer les conséquences de cette reconnaissance ?

Nous savons vous et moi que le sort de l’Arménie repose sur la paix avec ses voisins. La France et l’Europe devront œuvrer pour la lever du blocus subi par l’Arménie depuis dix ans déjà. C’est la condition « sine qua non » d’une existence économique et culturelle durable.

En relation avec sa diaspora très active, l’Arménie grâce au dynamisme de ses habitants, devrait devenir un relais privilégié entre l’Occident et l’Orient. Les compétences en effet ne demandent qu’à s’exprimer. C’est de la volonté et de la responsabilité de l’homme politique de créer ces conditions favorables. Une Arménie forte et stable garantira la paix dans cette partie du Caucase. Il est concevable que demain l’Arménie devienne la Suisse d’Orient.

Pour conclure, je m’associe volontiers à l’analyse de Monsieur Pastermadjian, qui précise dans Histoire d’Arménie : « dans le cas de l’Arménie, cette mission a été de servir d’intermédiaire et d’interprète entre l’Occident et l’Orient, essayant de les expliquer l’un à l’autre et de réconcilier leurs génies opposés mais complémentaires ».

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Author: raffi

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