Un tribunal autrichien a décidé mercredi une réduction de peine pour l’historien négationniste britannique David Irving, ouvrant la voie à sa prochaine libération de prison.
Une cour d’appel de Vienne a ramené à un an de détention, assorti de deux ans de mise à l’épreuve, la condamnation à trois ans de prison pour négation de l’Holocauste prononcée en première instance en février dernier. L’historien, âgé de 68 ans, avait alors plaidé coupable de déclarations négationnistes qu’il avait faites en 1989. Il pourrait être remis en liberté jeudi, lorsque la justice aura décidé si M. Irving doit être interdit de séjour en Autriche, a déclaré à l’AFP Regina Schwaighofer, porte-parole de la police. Si une interdiction de séjour est prononcée, le négationniste pourrait être immédiatement expulsé d’Autriche, a-t-elle ajouté. Dans l’attente de cette décision, M. Irving, qui a passé treize mois en prison depuis son arrestation en novembre 2005, a été transféré dans une autre prison de Vienne, a indiqué Mme Schwaighofer. L’avocat de M. Irving, Me Herbert Schaller, a déclaré qu’il n’était « pas nécessaire » d’interdire son client de séjour, car il « souhaite ne plus jamais remettre les pieds en Autriche ».
Il s’est dit presque certain que l’historien serait libéré jeudi et conduit directement de la prison à l’aéroport sous escorte policière. Expliquant sa décision de réduire la peine de M. Irving, le juge Ernst Maurer a invoqué « le temps exceptionnellement long » écoulé depuis les déclarations incriminées et le fait que l’historien dit à présent ne plus contester l’Holocauste, a rapporté l’agence de presse autrichienne APA. Un porte-parole du Parti social-démocrate (opposition), Hannes Jarolim, a déclaré qu’Ernst Maurer n’était pas le juge approprié pour ce procès en raison de ses liens avec le FPÖ, parti autrichien d’extrême droite xénophobe. M. Irving avait été arrêté en novembre 2005 lors d’un contrôle routier en Autriche, où la justice avait lancé un mandat d’arrêt contre lui.
Jugé en février, M. Irving avait plaidé coupable. Il avait cependant ajouté qu’il ne mettait désormais plus en cause l’existence des chambres à gaz du camp d’extermination d’Auschwitz, comme il l’avait fait dans le passé. Il était également jugé pour avoir affirmé que les pogroms de la « Nuit de cristal » de novembre 1938 n’avaient pas été l’oeuvre des nazis mais d' »inconnus » qui avaient revêtu l’uniforme de sections d’assaut allemandes, et aussi qu’Adolf Hitler avait en fait protégé les Juifs. L’historien avait été jugé coupable des trois chefs d’accusation par un jury de huit personnes. En Autriche, une législation de 1947 permet des poursuites contre la négation du génocide et des crimes contre l’humanité commis par les nazis. L’Autriche est l’un des onze pays qui sont dotés de lois contre les négationnistes de l’Holocauste, lors duquel quelque six millions de Juifs ont été tués, essentiellement lors des dernières années de la Seconde guerre mondiale. David Irving est notamment l’auteur de « Hitler’s War » (« La guerre d’Hitler »), un livre paru en 1977 qui tente de minimiser les atrocités nazies et d’exonérer Adolf Hitler de sa responsabilité dans les camps de la mort. Il avait même affirmé qu’Hitler était un ami des Juifs. L’historien avait aussi affirmé qu’il n’y avait pas eu de chambres à gaz à Auschwitz et que le nombre des victimes juives des nazis avait été très exagéré.
