Avec une inflation officielle de 73,5 % en mai, la Turquie proche du chaos intérieur

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Akin Nezli, expert basé à Belgrade a publié l’analyse suivante sur le site BneIntellinews.com.

L’inflation officielle de l’indice des prix à la consommation (IPC) de la Turquie en mai s’est élevée à 73,50% en glissement annuel, après les 69,97% annoncés pour avril, a déclaré le 3 juin l’Institut turc de la statistique (TUIK, ou TurkStat). Cependant, le TUIK a cessé de fournir séparément les prix moyens enregistrés pour chaque élément de son panier d’inflation à la consommation. Le chiffre de l’IPC du mois de mai est le taux d’inflation global le plus élevé enregistré par la Turquie depuis les 76,6 % d’octobre 1998.

Avec 73,5 %, la Turquie reste à la sixième place du classement mondial de l’inflation. Le Zimbabwe, rival de la Turquie, s’est éloigné en publiant 132% pour le mois de mai.

Le groupe de recherche sur l’inflation ENAG d’Istanbul a calculé que l’inflation de l’IPC de la Turquie en mai était de 161% en glissement annuel, après avoir été de 157% en avril.

Dans cette situation catastrophique, les commerçants rivalisent d’ingénuosité pour éviter les vols : des dispositifs d’alarme sont attachés aux produits dans les supermarchés, notamment sur le lait, les aliments pour bébés enfermés dans des vitrines, les bidons d’huile de cuisson enchaînés. Quant aux files d’attente devant les stands de pain subventionné et les personnes qui collectent de la nourriture dans les conteneurs à déchets, ces scènes sont devenus monnaie courante.

La TUIK, quant à elle, a communiqué un chiffre officiel de 132 % en glissement annuel pour l’inflation de l’indice des prix à la production (IPP) en mai, contre 122 % en avril.

Le chiffre de mai est le plus élevé depuis celui de 144,3 % en glissement annuel enregistré en mars 1995.

Le 28 avril, la banque centrale a déclaré dans son dernier rapport sur l’inflation que l’inflation officielle culminerait sous le seuil de 75 % en mai et diminuerait pendant le reste de l’année (grâce à l’effet de base). Ces prévisions reposaient sur l’hypothèse que la livre turque (TRY) ne connaîtrait pas un nouveau krach. Le 3 juin, la paire USD/TRY était en hausse de 12% à 16,53 par rapport aux 14,79 enregistrés le 28 avril.

La tension sur les matières premières (blé, huile de tournesol, gaz naturel et pétrole) se poursuit. L’indice FAO des prix alimentaires a baissé pour le deuxième mois consécutif, passant de 158,5 points en avril à 157,4 points en mai, soit une hausse de 23 % en glissement annuel (record : 159,7 en mars). L’indice des prix des céréales a augmenté de 2 % m/m et de 56 % en glissement annuel en mai.

Le 23 juin, le comité de politique monétaire (MPC) de la Turquie devrait maintenir son taux directeur constant à 14 % lors de sa prochaine réunion de fixation des taux.

Le 4 juillet, la TUIK publiera les données officielles de l’inflation pour le mois de juin.

Depuis le 24 mai, le régime Erdogan défend le niveau de 16,50 sur le graphique USD/TRY. La dévaluation indésirable mais toujours contrôlée se poursuit. Tous les yeux sont tournés vers le point où le taux de change pourrait se stabiliser.

On ignore combien d’argent affluent sur le compte de la banque centrale en provenance du système de protection des dépôts en lires et des exportateurs/entreprises touristiques, alors que les réserves continuent de diminuer.

La position nette de change de la banque centrale turque était de moins 61 milliards de dollars au 1er juin. Le régime d’Erdogan pourrait profiter d’une période économique moins troublée de deux mois dans un contexte d’assèchement estival des liquidités. Mais la lire semble se diriger dans une seule direction.

La Turquie a enregistré un déficit commercial record de 11 milliards de dollars en mai. En avril, un déficit commercial de 6 milliards de dollars avait été enregistré.

La baisse estivale des importations de gaz ne produit pas le redressement attendu de la balance commerciale. Les banquiers centraux devraient maintenant s’efforcer d’inscrire des recettes touristiques plus importantes pour un redressement du déficit de la balance courante.

Le refinancement de la dette se poursuit sans interruption, mais sans apport nouveau. Les adjudications d’euro-obligations ont cessé en mars. Les IDE nets restent autour de zéro.

Les credit default swaps (CDS) à 5 ans de la Turquie ont atteint 738 le 26 mai (ce n’est pas un recor tandis que le rendement des euro-obligations à 10 ans du gouvernement turc est resté dans les 9%.

En mai, la création nette de lires par le biais de prêts a battu un nouveau record, avec 217 milliards de TRY (13 milliards de dollars). À la fin du mois de mai, la création nette de lires par le biais de prêts a également étendu son record sur une base annuelle à 802 milliards de TRY.

Malgré la politique monétaire ultra-libre, l’activité économique de la Turquie n’a pas réagi positivement. Dans le même temps, le grand marché d’exportation de la Turquie, à savoir l’Europe, subit son propre ralentissement depuis le début de 2022.

Dans ce contexte calamiteux on s’attend à de grands troubles dans le pays comme des assassinats politiques, des attaques terroristes, la fermeture du Parti démocratique des peuples (HDP) pro-kurde, la prise de contrôle de la municipalité d’Istanbul et l’emprisonnement/interdiction de la politique du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu.

En politique étrangère, Erdogan, toujours désireux de rehausser son statut, tente actuellement d’obtenir une séance de photos avec Joe Biden, lors du prochain sommet de l’OTAN, qui se tiendra à Madrid le 30 juin.

Erdogan ne peut pas attaquer les Kurdes qu’il a en ligne de mire en Syrie sans l’autorisation des États-Unis. L’astuce ici est qu’il existe deux petites enclaves, à savoir Tal Rifaat et Menbij, sur le côté ouest de l’Euphrate. Ce territoire est sous le patronage de la Russie. Erdogan cherche à obtenir la permission du régime de Poutine pour y attaquer les Kurdes. Cela signifierait qu’il n’y aurait pas d’attaque contre la région américaine.

Les médias et les gouvernements occidentaux feraient beaucoup de bruit à propos de toute attaque, mais cela ne coûterait rien au régime d’Erdogan. Mais tout dépend de la permission de la Russie.

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Author: capucine

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