Mardi à Erevan, le meneur de l’opposition Artur Baghdasarian a reçu un accueil enthousiaste de la part de milliers de sympathisants, annonçant que son parti, Orinats Yerkir, gagnera aux élections du 12 mai, malgré la diffamation dont il a été victime.
Baghdasarian s’est engagé à faire de son mieux pour que « la loi et la justice arméniennes » soient respectées et a accusé le gouvernement de corruption dans un discours ardent à l’occasion de son meeting de campagne dans un quartier de la ville de Shengavit.
« La victoire que nous remporterons ensemble dans une semaine changera la face de notre pays », a-t-il dit. « En votant pour Orinats Yerkir, chaque arménien, au-delà de ses convictions politiques, votera pour son enfant, pour son futur ».
En référence aux accusations de haute-trahison dirigées contre lui par Robert Kotcharian, l’ancien porte-parole du Parlement arménien, âgé de 38 ans, a déclaré : « Aucun mensonge, aucune calomnie ne nous arrêtera. Nous devons aller de l’avant, nous devons gagner, nous devons changer notre pays ». Le scandale a en effet éclaté lorsque le Président a révélé l’existence d’une conversation enregistrée entre Baghdasarian et un diplomate britannique basé à Erevan. Dans une série de rapports publiés dans un journal pro-présidentiel le mois dernier, Kotcharian a enjoint l’Union européenne à condamner le parti avant le jour du vote. Baghdasarian aurait dit au diplomate anglais que les élections peuvent déjà être considérées comme anti-démocratiques.
Baghdasarian a immédiatement rejetté les accusations de Kotcharian. Cependant, il n’a pas fait mention du scandale dans son discours de Shengavit. « Je le condamne fermement », a-t-il dit à la RFE/RL alors qu’il quittait le square.
D’autres dirigeant de Orinats Yerkir semblaient confiants quant au fait que cette affaire ne leur ferait pas perdre des voix. L’un d’eux, Mher Shahgeldian, a prétendu dans son discours que la « sale propagande » du gouvernement est faite pour attirer l’attention. « La popularité d’Orinats Yerkir grandit de jour en jour », selon lui.
Beaucoup dans la foule, dominée par des femmes, étaient furieux de ce qu’ils considèrent comme une orchestration de la part du gouvernement pour discréditer le candidat de l’opposition le plus important. « C’est un mensonge », a déclaré Kristina Khachaturova, une jeune membre du parti. « Nous sommes si forts qu’ils ne peuvent pas nous battre de façon honnête ».
La critique du gouvernement a été le thème central des discours de campagne de Baghdasarian. Il a ainsi répété qu’il avait quitté la coalition du gouvernement de Kotcharian en riposte aux « injustices et inégalités ». « Orinats Yerkir aurait aussi pu garder le silence, nous aurions pu dire que nous vivions dans un monde merveilleux. Mais nous ne nous sommes pas tus », a-t-il dit en réponse aux diffamations.
Heghine Bisharian, le numéro deux du parti, qui se présente aux élections pour un mandat unique dans la circonscription de Shengavit, a déclaré que les dirigeants du pays ont « trahi » les Arméniens et « ne font rien d’autre que s’enrichir ».
Au risque d’être qualifié de populiste, l’ex porte-parole a promis, s’il parvient au pouvoir, de tripler les pensions modestes et de doubler les salaires du secteur public. Il a ajouté qu’il y parviendrait en punissant la corruption gouvernementale et les fraudes fiscales.
