L’Azerbaïdjan a proposé de poursuivre le dialogue timidement esquissé avec les représentants du Karabagh et délibérément torpillé par l’embuscade tendue le 5 mars par un commando azéri à une voiture de police arménienne qui a coûté la vie à trois de ses occupants et blessé un autre, trois jours après avoir coupé une fois encore le robinet alimentant en gaz depuis l’Arménie les 120 000 Arméniens du Karabagh, déjà durement éprouvés par 3 moi de blocus. Le gaz acheminé depuis l’Arménie par le gazoduc traversant un territoire contrôlé par les soldats azéris depuis leur victoire dans la guerre du Karabagh de l’automne 2020 a été coupé vendredi 10 mars en fin de journée, aggravant le blocus exercé par le régime de Bakou dont des hommes de main prétendument écologistes bloquent depuis le 12 décembre le corridor de Latchine, unique axe reliant le Karabagh à l’Arménie et au reste du monde. L’approvisionnement en gaz a été régulièrement interrompu depuis la mise en place du blocus -et même avant -, accablant une population déjà en buttes aux coupures de courant, de pénuries de denrées alimentaires, de médicaments et autres produits de première nécessité, importés de l’Arménie pour la plupart. Les liaisons électriques entre l’Arménie et le Karabagh avaient été aussi coupées par Bakou le 10 janvier, provoquant des coupures de courant quotidiennes. La liaison n’a toujours pas été rétablie sur les lignes à haute tension. Arayik Harutiunian, le président du Karabagh, a président dimanche une réunion d’urgence avec les autres responsables arméniens à Stepanakert pour discuter des moyens de faire face à cette nouvelle crise. Le bureau du président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a fait savoir pourtant lundi qu’il invitait les “représentants de la communauté arménienne du Karabagh” à se rendre à Bakou en vue de nouvelles discussions portant sur la “réintégration” du Karabagh dans l’ Azerbaïdjan et des “ projets d’infrastructures”. Les autorités de Stepanakert n’ont pas réagi dans l’immédiat à cette proposition mais rappelons que le dialogue engagé le 1er mars entre les représentants du Karabagh et de l’Azerbaïdjan sous l’égide des soldats de la paix russes avait tourné court du fait des efforts des délégués azéris pour inscrire cette « réintégration » à l’ordre du jour d’une rencontre dont l’ordre du jour était censé porter sur la levée du blocus. Les responsables du Karabagh ont d’ailleurs estimé que l’attaque du 5 mars contre les policiers arméniens était la réponse de Bakou à la fermeté affichée dans ce dialogue par les autorités de Stepanakert, qui ont refusé de se laisser entraîner sur la voie indiquée par les Azéris. Autant dire que la proposition du bureau d’Aliev n’a pas été accueillie avec enthousiasme à Stepanakert. D’autant que dans le même temps, le conseiller principal du président azéri en politique étrangère, Hikmet Hajiyev, a clairement fait savoir lundi que Bakou continuait à s’opposer à la création d’un “mécanisme international” pour son dialogue avec Stepanakert, tel que le souhaite et le propose Erevan. “Il n’est pas question de créer quelque mécanisme international pour discuter des droits et de la sécurité des Arméniens du Karabagh”, a-t-il indiqué, cité par report.az., en ajoutant “nous n’avons jamais été d’accord pour cela ». Hajiyev a précisé que la question était une affaire intérieure de l’Azerbaïdjan et que Bakou n’entendait pas en discuter que ce soit avec Erevan ou toute autre tierce partie. Le responsable azerbaïdjanais répondait aux propos tenus par le Secrétaire du Conseil de sécurité d’Arménie, Armen Grigorian, dans une interview accordée le 10 mars au Service arménien de RFE/RL. Grigorian avait notamment déclaré que l’Arménie ne signerait aucun traité de paix avec l’Azerbaïdjan sans avoir pu négocier des garanties de sécurité pour le Karabagh. De telles garanties devaient inclure, selon lui, l’établissement d’une “zone démilitarisée” autour du Karabagh ou une “présence internationale” sur le terrain. Dans ce contexte, il est peu probable que le régime de Baou soit sensible à l’appel lancé par la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis en Arménie, Kristina Kvien, qui a demandé la réouverture immédiate du corridor de Latchine alors qu’elle visitait, vendredi, une province arménienne aux portes du territoire arménien désormais complètement enclavé et assiégé. Elle a posté sur Twitter des photographies d’elle aux côtés du gouverneur de la province de Syounik Robert Ghukasian, devant le checkpoint arménien désespérément fermé donnant accès au corridor de Latchine, cet axe vital pour le Karabagh, au troisième mois de son blocage par des manifestants azéris soutenus par le régime de Bakou.
Bakou coupe encore le robinet du gaz au Karabagh… tout en proposant le dialogue
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