Barkev Chahbazian, un grand serviteur de l’Église arménienne s’en est allé

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Une grande figure du monde intellectuel et de l’Église arménienne, Barkev Chahbazian, vient de s’éteindre à Erevan à l’âge de 99 ans. Il avait été durant 40 ans le plus proche collaborateur laïc du Catholicos Vazken 1er.

Barkev Chahbazian était né à Constantinople en 1920 d’un couple de survivants du Génocide. Il était le fils de Karnig Chahbazian, un intellectuel originaire de la capitale, et de Hranouch Ladjikian, native d’Erzeroum. C’est dans les déserts de Syrie, lors des déportations, qu’ils se rencontrent et décident de s’unir. En 1922, lors de la reconquête kémaliste, la famille Chahbazian se réfugie à Alep. Le jeune Barkev y est d’abord scolarisé dans une école primaire arménienne, puis au collège français de la ville où il découvre la langue française qu’il va aimer et servir jusqu’à la fin de ses jours en tant que professeur et traducteur. A la fin de ses études secondaires, la famille s’installe à Beyrouth. Il y poursuit ses études au sein de la prestigieuse université Saint Joseph, dans le département des civilisations orientales. En parallèle, il entame une carrière d’enseignant dans diverses écoles arméniennes de la capitale libanaise.

En 1946, la famille Chabazian émigre en Arménie soviétique. Durant dix ans, Barkev enseigne le français dans une école primaire de la ville avant de rencontrer le Catholicos Vazken 1er élu au siège de saint Grégoire l’Illuminateur l’année précédente. Le Patriarche qui est francophone et francophile et qui recherche un professeur pour enseigner le français à l’Académie de théologie d’Etchmiadzine, décide d’embaucher ce jeune enseignant au profil prometteur. Dans cet institut, Barkev Chahbazian enseigne également l’arménien et la littérature arménienne. Plus tard, il sera aussi nommé à la chaire de littérature occidentale de la Renaissance au 19ème siècle.

Rapidement, il devient le conseiller et le secrétaire particulier du Catholicos dont il partage l’univers intellectuel et les idéaux patriotiques. Fort de sa connaissance du français et de ses qualités de fin diplomate, il est chargé par ce dernier des relations extérieures du Catholicossat, et en particulier des liens avec les autres Églises. A ce titre, il créera au séminaire le premier cours consacré aux relations œcuméniques. Nommé membre du Conseil Spirituel Suprême [Գերագոյն Հոգեւոր խորհուրդ] – le Synode – il assure le secrétariat de cette instance supérieure de l’Église arménienne pendant de longues années. Barkev Chahbazian a participé à pratiquement toutes les visites pastorales ou œcuméniques du Catholicos Vazken 1er. En 1970, il a été l’un des membres de la délégation qui accompagnait Sa Sainteté Vazken 1er à Rome pour la première rencontre d’un responsable de l’Église arménienne avec un souverain pontife, Sa Sainteté le Pape Paul VI.

En 1994, il demande au Catholicos Vazken 1er l’autorisation de se retirer. Le Catholicos refuse en lui disant « Nous avons débuté ensemble, nous finirons ensemble ». Le Patriarche décède en août de la même année. Barkev Chahbazian quitte le service de l’Église et se retire jusqu’à sa mort survenue le 27 avril dernier, dans son domicile d’Erevan, à quelques dizaines de mètres du Madénataran, la deuxième « cathédrale-mère » [Մայր տաճար] du peuple arménien.

Outre son travail d’enseignant, Barkev Chabazian a eu une intense activité de traducteur. Ainsi, il a été l’un des plus actifs contributeurs à la traduction des Évangiles en Arménien oriental dont la publication a été une première en URSS. Travailleur infatigable, il a traduit de nombreux ouvrages du français vers l’arménien et inversement. Il a été l’auteur de plusieurs manuels scolaires, de français pour les écoles d’Arménie, et d’arménien pour les écoles de la diaspora. De 1981 à 1983, il assume la direction de la rédaction du mensuel « Etchmiadzine », organe officiel du Catholicossat suprême.

En plus des nombreuses distinctions honorifiques arméniennes, Barkev Chabazian avait également reçu les Palmes académiques en raison de sa contribution à la diffusion de la culture française.

L’ayant côtoyé durant une année universitaire à l’Académie de théologie de saint Etchmiadzine, j’ai pu mesurer à quelle point, avec d’autres laïcs comme messieurs Karnig Kéhayan et Noubar Noubar Der Mikaëlian, également fils de survivants du Génocide, dans un climat de méfiance, voire d’une certaine peur héritée de la période du stalinisme, il avait conseillé et servi le Catholicos Vazken 1er et œuvré à la renaissance de l’Église d’Arménie.

Éternelle mémoire et reconnaissance à lui et à tous ceux de sa génération.

Sahag Sukiasyan

La rédaction
Author: La rédaction

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