Bataille rangée dans le Parlement arménien (suite)

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Les tensions sont vives en Arménie, et le deconfinement amorcé le 4 mai, après un mois et demi de confinement, auquel certains reprochent d’ailleurs le laxisme, ne semble guère les avoir apaisées. La population, dont une bonne part ne paraît d’ailleurs pas évaluer la gravité de l’épidémie, est sur les nerfs, comme l’a monté le climat d’émeutes en début du mois dans la ville de Gavar, où l’hôpital a été pris d’assaut et envahi par une foule déchaînée au lendemain d’une rixe, et le moins que l’on puisse dire est que les politiques ne donnent pas vraiment l’exemple. Quelques jours après la violente altercation qui a opposé dans un parc d’Erevan le vice-président du Parlement arménien Alen Simonian, au leader d’un parti d’extrême droite, Artur Danielian, le Parlement a été le théâtre d’une bataille rangée le 8 mai entre députés de la majorité et de l’opposition.
A la suite d’un discours du leader du parti d’opposition Arménie lumineuse, Edmond Marukian, qui avait pris à partie des députés de l’alliance majoriraire Im Kayl (Mon Pas) du premier ministre Nikol Pachinian, l’un deux s’est jeté sur lui, suivi par d’autres deux deux partis, qui en sont venus aux mains, dans le mépris manifeste des règles élémentaires de “distanciation sociale” que recommande le gouvernement qui, après avoir impose le confinement, en appelle à la responsabilité et au civisme des Arméniens pour endiguer l’épidémie de coronavirus, et ne se prive d’ailleurs pas de leur reprocher leur manquement à ces règles.
S’exprimant peu après devant les députés, N.Pachinian, tout en déplorant le spectacle navrant offert par les parlementaires, a rejeté la responsabilité de ces actes de violence déclenchés pourtant dans l’hémicycle par les députés de son alliance, à ceux de LHK, à commencer par E.Maroukian, qui aurait pas ses gestes et propos provoquants à l’attention des députés de Im Kayl, cherché à s’attirer une réponse violente de leur part. Tout au plus a-t-il admise que les députés de son groupe parlementaire impliqués dans cette bagarre n’auraient pas dû céder aux “provocations” du LHK, qui aurait eu pour seul objectif de discréditer son gouvernement. Le premier ministre en a profité pour se livrer à une nouvelle charge contre l’opposition parlementaire, et plus particulièrement le LHK, l’accusant d’être le laquet parlementaire de l’ancienne clique au pouvoir, S.Sarkissian et autres Kotcharian, qu’E.Marukian a pourtant longtemps combattu à ses côtés, quand son parti Arménie Lumineuse était associé au parti Contrat civil de N.Pachinian au sein de l’alliance Yelk, jusqu’à ce que leurs chemins se séparent avec la Révolution de velours d’avril 2018, que LHK, comme d’ailleurs le Parti République, partenaire aussi au sein de Yelk, refusent de rallier.
Une presentation des faits et des accusations que LHK a bien sûr récusées avec vehemence, accusant à son tour Nikol Pachinian d’orchestrer et d’encourager des violentes attaques sur ses membres après l’incident de vendredi dans l’hémicycle. Dans une declaration rendue publique lundi, le LHK a condamné le discours de N.Pachinian, en soulignant qu’il ne faisait que “justifier, légitimer et encourager” la violence contre ses opposants politiques. “L’incident a montré qu’il n’a fallu que deux ans au premier ministre révolutionnaire pour anihiler et détruire les idées, valeurs et principes prônés par cette révolution”, indique le texte de la declaration dans une reference au vaste mouvement de protestation qui porta N.pachinian au pouvoir en mai 2018. Le LHK, qui est la deuxième formation d’opposition, avec Arménie prospère (BHK) siégeant à l’Assemblée nationale depuis les législatives anticipées de décembre 2018, n’a pas manqué non plus de démentir farouchement les prétendus liens qui l’uniraient aux anciens dirigeants. “Le premier ministre catégorise délibérément Arménie lumineuse comme un representant de l’ “ancien régime’ à seule fin de justifier le comportement de hooligan de ses députés aux yeux de ses partisans”, dénonce le communiqué du parti d’opposition, qui s’indigne par ailleurs de ce que les membres de Im Kayl désignent leurs opposants et détracteurs comme des ennemis de l’Etat et du peuple et des éléments anti-Etat qu’on peut légitimement attaquer. Le texte du LHK poursuit en mettant en garde contre cette “approche totalitaire” qui risque de conduire à l’instauration d’un régime autoritaire en Arménie.
Cette brusque crispation des relations entre Im Kayl et Arménie lumineuse intervient au lendemain d’une rencontre surprise entre MM. Pachinian et Maroukian, à l’initiative du premier. Les deux anciens allies politiques n’auraient discuté que de la situation du processus de paix au Karabagh, selon E.Marukian, qui avait précisé que les questions de politique intérieure arménienne ne figuraient pas à l’ordre du jour. Si le service de presse de N.Pachinian n’avait pas été plus disert, le premier ministre a contredit, dans son discours à la tribune du Parlement, les propos d’E.Marukian, en affirmant qu’il avait bien été question de politique intérieure lors de cette rencontre et qu’il lui aurait dit alors qu’il avait y toutes les raisons de “le suspecter, ainsi que son parti de participer à un vaste plan visant à user de la violence pyschologique, morale et en dernier recours physique” contre la direction politique de l’Arménie et ses alliés”. La meilleure défense semble être donc l’attaque, fut-elle physique, pour le premier ministre…

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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