Berlin s’indigne des propos du Turc Erdogan

Se Propager

De notre correspondante à Berlin NATHALIE VERSIEUX

QUOTIDIEN : vendredi 15 février 2008

Rien ne va plus entre Berlin et Ankara. Même la gauche allemande, en général plutôt favorable à une future intégration de la Turquie dans l’Union européenne, s’interroge et s’indigne. «Nous ne voulons pas de société parallèle en Allemagne», s’offusque le chef de la fraction sociale-démocrate au Bundestag, Peter Struck. Son alter ego conservateur reproche au Premier ministre turc de «s’immiscer dans les affaires intérieures allemandes» et appelle les Turcs d’Allemagne à faire preuve de «loyauté» envers leur pays d’accueil. Les libéraux, dans l’opposition, s’indignent de propos en faveur de la création d’une «petite Turquie» en Allemagne.

C’est une phrase choc du Premier ministre turc, issu du mouvement islamiste, qui a mis le feu aux poudres. «L’assimilation est un crime contre l’humanité», a martelé dimanche à Cologne, puis de nouveau mardi devant le parlement turc à Ankara, Recep Tayyip Erdogan.

Sans traduction. Il n’évoquait pas bien sûr la protection des minorités kurde, arménienne ou alévie de son pays, mais la défense des intérêts des trois millions de Turcs vivant en Allemagne. Le discours, par ailleurs plutôt modéré, avait été tenu – sans traduction allemande – devant un parterre de 16 000 Turcs allemands réunis à Cologne pour rendre hommage aux neuf Turcs décédés voici dix jours à Ludwigshafen (Ouest) dans un incendie dramatique et peut-être criminel. L’émotion suscitée par les propos d’Erdogan a été d’autant plus forte qu’ils arrivent au lendemain des élections régionales de Hesse, douloureuses pour la CDU d’Angela Merkel et dominées par un virulent débat sur l’intégration et la criminalité des jeunes d’origine étrangère.

Les principaux intéressés, les Turcs d’Allemagne, sont pour leur part profondément divisés. «Ici, plus personne ne parle depuis longtemps de nous assimiler», s’étonne Mustafa Akcay, du centre turco-allemand de Neukölln, à Berlin, tandis que le Conseil central des Turcs d’Allemagne reproche à Angela Merkel de ne pas s’être rendue à Ludwigshafen pour manifester sa solidarité avec les familles des victimes, laissant le terrain libre au Premier ministre turc. De fait, la classe politique allemande s’est longtemps désintéressée de la communauté turque. La situation a évolué depuis le début des années 2000, avec l’implication de jeunes étrangers dans les attentats du 11 Septembre et le fait que 700 000 Turcs votent aujourd’hui en Allemagne. Reste que 1,7 million de Turcs allemands votent toujours en Turquie.

«Problème de réussite». Selon l’élue verte au Parlement de Berlin Bilkay Oney, le discours de Cologne était avant tout destiné aux adeptes de l’AKP en Allemagne. «Je ne crois pas que les problèmes des Turcs seront réglés à Ankara mais en Allemagne, insiste à ce sujet Cem Ozdemir, député vert au Parlement européen, lui-même Turc allemand. Pour cela, il faudrait déjà qu’il y ait au sein du gouvernement allemand quelqu’un qui leur donne le sentiment de s’occuper d’eux et de leurs problèmes de réussite sociale, de scolarité pour leurs enfants. Quant à M. Erdogan, il doit maintenant s’attendre à ce que la question de l’assimilation lui soit à l’avenir posée, en Turquie même, au sujet des minorités de l’Est du pays.»

LIBERATION

raffi
Author: raffi

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut