L’année 2007 sera celle de tous les défis et de tous les changements. De la France à l’Arménie, en passant par la Turquie, la Russie et la Géorgie, de nombreux pays vont être appelés à renouveler leur direction politique, à travers des élections législatives ou présidentielles.
Des échéances qui seront mises à profit pour faire avancer les aspirations arméniennes à plus de justice. Justice pour la nation, qui commence seulement à voir reconnaître le génocide dont elle a été victime en 1915. Cette monstruosité, visant à exterminer l’entité arménienne de la région pour y instaurer définitivement l’hégémonie du nationalisme turc, ne saurait en effet être acceptée comme un fait accompli par les survivants et leurs descendants. S’il a fallu du temps au peuple arménien pour se relever de ce coup mortel, jamais il n’a renoncé à obtenir, si ce n’est des réparations – car le mot est trop faible eut égard à la gravité du crime – du moins une reconnaissance de ses droits historiques, en particulier celui imprescriptible à l’existence. Un droit toujours menacé, tant que la Turquie n’aura pas condamné le génocide, ni combattu en son sein les causes politiques qui ont engendré une telle entreprise criminelle. La lutte contre le négationnisme en France s’inscrit, par extension, aussi dans ce cadre. Elle n’est pas seulement une mesure de prévention et de protection contre l’importation de ce fléau qui avance en même temps que l’entrée de la Turquie en Europe. Elle participe aussi des prescriptions pour venir à bout des vieux démons d’Ankara. Car de même que le négationnisme de la Shoah est un paravent de l’antisémitisme, le négationnisme turc est une variante de l’arménophobie qui se manifeste jusqu’à aujourd’hui dans ce pays de mille et une façon, et en particulier celle-là.
Les prochains rendez-vous électoraux en France seront l’occasion de faire aboutir d’une manière décisive ce combat, avec la ratification par le Sénat de la loi votée le 12 octobre dernier à l’Assemblée nationale. Il reste pour ce faire jusqu’à la fin février, date à laquelle se termineront les travaux parlementaires, qui laisseront la place à la période préélectorale. Nicolas Sarkosy s’est prononcé en faveur de la pénalisation du négationnisme, mais l’UMP apparaît plus mitigé. Aussi espère-t-on de son président qu’il organise une mobilisation sans équivoque de ses sénateurs pour entériner cette loi. En ce qui concerne la gauche, s’il revient au parti socialiste d’avoir présenté le projet à l’Assemblée nationale, on attend qu’il confirme ses intentions en battant le rappel de ses élus de la haute assemblée. Il est en tout les cas clair que pour les échéances à venir, les électeurs d’origine arménienne qui sont attentifs à cette question, ne se paieront pas de promesse. Ils formeront leur conviction et leur vote sur ce qui aura été fait avant les élections, et non sur ce que l’on fera miroiter pour l’après.
Enfin, cette année devra également permettre à l’Arménie de renouveler son Parlement avant de se choisir en 2008 un nouveau président. Est-il besoin à nouveau de souligner l’importance de cette échéance qui donnera la mesure la maturité politique de l’Arménie. Le pays sera face à lui-même. Sans excuses. Plus de quinze ans après l’indépendance il devra apporter la preuve de sa capacité à s’autogérer dans la transparence et la démocratie. Il s’agit là aussi d’une aspiration à plus de justice. Pour l’Etat, mais aussi pour le peuple. Une justice qu’il lui appartient, dans ce domaine également, de se faire.
Très bonne année 2007.
Ara Toranian
