Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a salué la position conciliante du Premier ministre Nikol Pachinian sur le conflit du Haut-Karabakh, après s’être entretenu lundi 2 mai à Washington avec le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan.
Il a également déclaré que les États-Unis et l’Arménie s’efforcent désormais de « renforcer et d’approfondir » leurs relations dans le cadre d’un « dialogue stratégique » lancé en 2019 mais suspendu par la suite en raison de la pandémie de coronavirus.
Blinken et Mirzoyan ont signé après leur rencontre un protocole d’accord sur la « coopération nucléaire civile stratégique » entre leurs pays.
S’exprimant lors de la cérémonie de signature, M. Blinken a salué les « réformes démocratiques » mises en œuvre par le gouvernement arménien, ainsi que le dialogue en cours avec l’Azerbaïdjan. À cet égard, il a exprimé « une réelle appréciation de la vision, du courage et de la flexibilité dont le Premier ministre et l’Arménie ont fait preuve dans ce processus ».
S’adressant au Parlement arménien le 13 avril, M. Pachinian a déclaré que la communauté internationale faisait pression sur l’Arménie pour qu’elle revienne sur ses exigences concernant le statut du Haut-Karabakh et reconnaisse l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan. Il a signalé l’intention d’Erevan de faire de telles concessions à Bakou.
L’Union européenne a salué le discours « tourné vers l’avenir » prononcé par M. Pachinian une semaine après sa rencontre avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, à Bruxelles, dans le cadre de discussions organisées par le haut fonctionnaire de l’UE, Charles Michel. M. Blinken s’est entretenu par téléphone avec les dirigeants arménien et azerbaïdjanais à la veille de ces entretiens.
Le discours de Pachinian a alimenté les allégations de l’opposition arménienne selon lesquelles il aurait accepté de rétablir le contrôle azerbaïdjanais sur le Karabakh. Les principaux groupes d’opposition ont lancé à la fin de la semaine dernière des manifestations de rue quotidiennes visant à renverser le premier ministre.
Selon le ministère des affaires étrangères, M. Mirzoyan et M. Blinken ont discuté, entre autres, des négociations prévues sur un traité de paix arméno-azerbaïdjanais et de la création prochaine d’une commission chargée de délimiter la frontière arméno-azerbaïdjanaise.
Ces questions étaient également à l’ordre du jour de la réunion séparée de M. Mirzoyan avec la sous-secrétaire d’État américaine Victoria Nuland, qui s’est tenue à Washington plus tôt ce lundi.
« Dans ce contexte, le ministre arménien des Affaires étrangères a souligné l’importance de reprendre les travaux de la coprésidence du groupe de Minsk de l’OSCE », peut-on lire dans un communiqué publié par le bureau de presse de Mirozyan.
Le groupe chargé du conflit du Karabakh a longtemps été dirigé par les États-Unis, la Russie et la France. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré le 8 avril que Washington et Paris avaient cessé de coopérer avec Moscou dans ce format, à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine. Les responsables américains et français n’ont pas démenti cette affirmation.
M. Lavrov a également accusé l’Occident de tenter de détourner les efforts russes visant à négocier la paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans le cadre de l’impasse géopolitique actuelle concernant l’Ukraine.
M. Pachinian et le président russe Vladimir Poutine ont réaffirmé le rôle clé de la Russie dans le processus de paix dans une déclaration commune publiée à l’issue de leur entretien en tête-à-tête, du 19 avril.
Signe supplémentaire que Moscou souhaite reprendre l’initiative dans ce processus, M. Lavrov aurait proposé d’organiser une réunion trilatérale avec ses homologues arménien et azerbaïdjanais, la semaine prochaine. M. Mirzoyan a accepté cette proposition lors d’un appel téléphonique du 29 avril avec le plus haut diplomate russe.
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