Bonne année 2010

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Après la difficile fin de règne de Robert Kotcharian dont les dernières années de pouvoir ont été marquées par la fossilisation de l’Arménie dans le système oligarchique, après les catastrophes de l’année 2008 qui outre les dix morts du 1er mars se sont soldées par un régression de l’Arménie sur tous les fronts ( isolement régional, recul diplomatique, situation explosive au Karabagh comme au Djavakhk, instabilité politique et crise économique), que devait nous réserver 2009 ? Allions-nous continuer à nous enfoncer dans le déclin ? Ou bien au contraire assister à un renversement de la vapeur, à un début de redressement national ?

Sans prétendre au miracle, force est néanmoins de reconnaître que mal partie en 2008, l’Arménie a su actionner quelques rétrofreins qui lui permettent aujourd’hui de mieux contrôler sa descente aux enfers. Voire de remonter un peu la pente. Si la question du Djavakhk demeure très préoccupante, avec notamment la condamnation criminelle de Vahakn Tchakhalyan à dix ans de prison, la situation du Karabagh reste quant à elle sous contrôle.

Sur le plan économique, le gouvernement a pu en partie contenir les effets de la crise grâce à des crédits russes et au soutien de la banque mondiale et du FMI. Enfin, au niveau démocratique, le pouvoir a libéré la quasi-totalité des prisonniers politiques. Ce qui a eu comme conséquence de diminuer les causes de l’instabilité intérieure et de redorer un peu son blason.

Certes, rien n’est véritablement réglé. Certains militants restent indûment incarcérés. Le nombre de pauvres s’est accru. Et les plaies du régime ( dysfonctionnements démocratiques, corruption) restent ouvertes. Mais en dépit d’une configuration internationale en pleine mutation, avec une complexification des enjeux régionaux (guerre en Géorgie, question énergétique, affaire iranienne, ambitions turques), l’Arménie n’est pas partie à vau-l’eau. Elle semble même mieux tenir la barre que ne le laissait présager – pour beaucoup – l’épisode très controversée des protocoles arméno-turcs, qui aura été le grand point d’interrogation de 2009.

A ce jour, aucune des catastrophes annoncées avec les accords de Zurich ne s’est en tout cas produites. Serge Sarkissian n’a ni bradé la reconnaissance du génocide, ni vendu le Karabagh, comme cela avait été dit et écrit ici ou là. C’est au contraire la Turquie qui se voit dans l’incapacité d’honorer sa signature en levant le blocus sur l’Arménie, au motif qu’un tel geste entraînerait la rupture de son pacte de solidarité avec Bakou. Et c’est l’Azerbaïdjan qui se distingue par sa mauvaise volonté en combattant un processus qui bénéficie d’un large soutien mondial. Et ce, tout en s’arc-boutant dans une posture belliqueuse unanimement condamnée et contraire au droit international.

Quant à l’Arménie, si elle marche, c’est sur un fil. En multipliant les efforts pour régler les problèmes de la région et en faisant montre d’une vraie capacité de dialogue, y compris avec l’état génocidaire et négationniste turc, elle rehausse son prestige et se repositionne comme un acteur positif et central de la zone. Pour autant, elle sait mieux que quiconque, pour l’avoir appris à ses dépens, qu’on ne fait pas de la politique avec des bons sentiments. Il ne s’agit donc pas pour elle de briguer un prix de vertu dans un monde qui n’en n’a cure, ni de se leurrer quant aux dispositions de ses voisins, dont l’histoire a prouvé qu’ils étaient plus que tout autre coutumier de la loi de la jungle. Elle a tout simplement montré que cet axiome de base ne constituait pas une raison suffisante pour déserter le front de la diplomatie et laisser Ankara parader sur la scène internationale pendant que Bakou s’y attribue le beau rôle, celui de la victime outrageusement agressée par « l’impérialisme arménien ».

La débauche d’activités d’Erevan sur le plan international aura au moins permis de remettre à cet égard quelques pendules à l’heure. Ce serait cependant insulter l’avenir que de réduire les ballets diplomatiques en cours, que ce soit avec la Turquie ou l’Azerbaïdjan, à leur plus simple expression tactique ou à des mécanismes mis en branle par des marionnettistes américains ou russes à des fins purement mercantiles.

Cet aspect des choses existe, certainement. Mais au-delà de tout cela, en initiant cette diplomatie du foot, le ministre des Affaires étrangères Edouard Nalbandian aura aussi laissé entrevoir le début d’une perspective bien plus profonde : la possibilité d’un pardon – et ce ne sera pas la moins dure de nos épreuves – pour peu que la Turquie s’engage dans la voie de la vérité, de la condamnation du génocide et de la réparation.

La Turquie, qui se donne des airs de grande puissance, s’en montrera-t-elle capable ? Sera-t-elle à la hauteur ? En aura-t-elle la volonté et les moyens ? La balle est plus que jamais dans son camp. Et 2010 fournira probablement à cet égard un début de réponse.

A notre petit niveau, cette année sera également importante pour nous, parce qu’elle marquera le dixième anniversaire d’Armenews.com , le site de Nouvelles d’Arménie Magazine (né le 1er janvier 2000). C’est nourri de cette expérience, qui aura pris durant toute une décennie la forme d’un flux continue d’informations, que nous présentons nos meilleurs voeux à tous, et souhaitons que 2010 soit une année particulièrement bénéfique pour la justice, la démocratie et la paix.

Ara Toranian

raffi
Author: raffi

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