Michael Rubin (@mrubin1971) contribue au blog Beltway Confidential du Washington Examiner. Il est chercheur principal à l’American Enterprise Institute. il a publié la tribune suivante sur le site du Washington Examiner.
Alors que les partisans du Hamas continuent de calomnier les opérations antiterroristes d’Israël en les assimilant à un génocide, un véritable génocide se profile dans le Caucase du Sud. En septembre, les troupes azerbaïdjanaises se sont emparées de la totalité du Haut-Karabakh, forçant l’exode de ses 120 000 chrétiens autochtones.
L’Azerbaïdjan et la Turquie ont longtemps utilisé le conflit du Haut-Karabakh pour justifier leur hostilité envers l’Arménie. Les actions qu’ils ont menées après la conquête de cette région majoritairement chrétienne laissent toutefois penser que le différend diplomatique était davantage un prétexte à leur hostilité que sa véritable cause.
En longeant la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, la fortification militaire de l’Azerbaïdjan est évidente. Alors que l’Arménie construit des postes de douane et des observatoires, l’Azerbaïdjan construit des aires d’atterrissage pour hélicoptères, des aérodromes, des installations de fusées et des stations radar avancées. Des casernes abritent des dizaines de soldats dans des endroits isolés le long de la frontière. Les forces azerbaïdjanaises se sont déjà emparées de territoires en Arménie. Le président Ilham Aliev, quant à lui, déclare que même la capitale de l’Arménie, Erevan, est un territoire azerbaïdjanais. L’implication est claire : l’Azerbaïdjan se prépare à une nouvelle guerre plutôt qu’à une paix durable.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan encourage cette belligérance. Au lendemain de la guerre entre Israël et le Hamas, il a déclaré : « Comme l’Arménie, Israël échouera aussi ». Sa description de la guerre terroriste comme une lutte entre « le croissant et la croix » reflète son véritable état d’esprit. Les diplomates américains et britanniques peuvent considérer l’armée turque comme un important contingent de l’OTAN, mais Erdogan lui-même la décrit comme « l’armée de Mahomet ». Erdogan et Aliev rabaissent régulièrement les Arméniens, insultent leurs rivaux en les appelant Arméniens et décrivent les Arméniens comme des chiens ou des insectes.
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles l’Institut Lemkin pour la prévention du génocide a émis un « drapeau rouge » avertissant de la possibilité que l’Azerbaïdjan perpètre un génocide contre l’Arménie et les Arméniens. La question que les décideurs politiques devraient se poser est de savoir pourquoi, après 30 ans, le conflit gelé du Haut-Karabakh a soudainement éclaté et pourquoi Aliev rejette la diplomatie avec tant d’assurance.
Certains experts peuvent citer l’évolution de la situation en Turquie ou en Russie, mais ils ne voient pas la forêt pour les arbres. La raison pour laquelle, il y a trois ans, l’Azerbaïdjan a rejeté la diplomatie et s’est tourné vers la guerre est un changement dans l’équilibre des forces régionales.
L’économie azerbaïdjanaise est un spectacle en un acte. SOCAR, la compagnie pétrolière nationale, travaille en collaboration avec BP (anciennement British Petroleum) pour financer le gouvernement azerbaïdjanais. BP ne s’intéresse guère à la qualité du gouvernement azerbaïdjanais ni à son évolution vers une dictature brutale. Alors que les Azerbaïdjanais ordinaires se complaisent dans la pauvreté, les Aliev dépensent des centaines de millions de dollars dans l’immobilier londonien et des milliards de dollars dans l’achat de nouveaux armements.
Ces dernières années, l’Azerbaïdjan a importé près de 70 % de son arsenal d’Israël. Dans un exemple extrême, une entreprise israélienne de drones cherchant à remporter un contrat avec l’Azerbaïdjan a fait la démonstration de son système en attaquant une position militaire arménienne. Au début du mois, Bakou a acheté à Israël un système de défense aérienne Barak MX d’une valeur de 1,2 milliard de dollars.
Tant que l’Azerbaïdjan pourra entreprendre un renforcement militaire pour se donner un avantage qualitatif et quantitatif sur ses voisins, les chances de paix dans la région seront nulles. L’équilibre militaire est important. Alors que les États démocratiques financent davantage leur population que leur armée, Aliev fait le contraire. En effet, il détourne les revenus du contrat de BP, vieux de plusieurs décennies, pour financer l’agression et peut-être même le génocide. BP n’est peut-être pas légalement responsable, mais il fait preuve d’un manque de perspicacité. À mesure qu’Aliev ignore son propre public, le risque d’assassinat ou même de révolution augmente à long terme. Aucune dictature ex-soviétique ne s’attend à une révolution de couleur jusqu’au jour où elle éclate.
Si Aliev ordonne une invasion pure et simple de l’Arménie, les perturbations qui en résulteront mettront probablement fin à la capacité de BP à transporter son gaz de l’Azerbaïdjan vers la Turquie. Si l’Azerbaïdjan, trop confiant dans sa manne gazière, cherche à mettre complètement fin au plus ancien État chrétien, BP peut hausser les épaules, mais il lui sera impossible d’éviter de ternir sa réputation. En clair, son contrat permet à l’Azerbaïdjan d’acheter des armes à Israël et à la Turquie pour poursuivre le génocide des chrétiens arméniens.
BP peut vouloir éviter la politique, mais Aliev ne lui en donnera pas l’occasion. Il est temps pour BP de dire à Aliev : ça suffit, BP ne participera pas aux ambitions génocidaires d’un dictateur.
https://www.washingtonexaminer.com/opinion/is-bp-financing-armenias-destruction
