C’est pour rendre hommage à la première « révolution démocratique » survenue deux ans plus tôt dans l’ex-empire soviétique, en Géorgie, et éventuellement encourager les pays qui seraient tentés de suivre son exemple, à l’instar de l’Ukraine et du Kirghizistan, que le président américain G.W. Bush doit visiter Tbilissi le 10 mai prochain. M . Bush profite des célébrations du 60e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie, à Moscou le 9 mai, pour faire ce crochet par le Caucase, qui n’est d’ailleurs certainement pas du goût de son hôte Vladimir Poutine, furieux de voir les Américains pénétrer dans l’ancienne zone d’influence de la Russie. L’administration américaine a toutefois tenu à rassurer les voisins de la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, en faisant savoir que la visite de M. Bush n’avait pas vocation à encourager chez eux des mouvements semblables à celui qui avait placé à la présidence géorgienne un proche des Etats-Unis, Mikhaïl Saakachvili. Il n’en reste pas moins que c’est à la Géorgie qu’un président américain réserve sa première visite, historique, au sud du Caucase. Le président géorgien peut y voir au moins le signe d’un soutien de la première puissance mondiale à sa politique qui n’a, à ce jour, pas porté les espérances qui avaient animé la révolution de la rose, tant pour ce qui concerne la lutte contre la corruption et la misère que pour le développement de la démocratie. Les opposants en Arménie comme en Azerbaïdjan pourront ainsi chercher à y trouver un encouragement de la part du président américain, même s’il a réaffirmé dernièrement qu’un changement de régime dans ces pays n’était pas un gage de réformes démocratiques qu’il entend encourager en collaborant avec les pouvoirs en place.
D’une manière générale, les Arméniens veulent aussi saisir l’occasion de cette visite pour rappeler au président américain leurs exigences concernant la reconnaissance du génocide de 1915 et les torts causés à leur pays et à la coopération régionale par le blocus exercé par la Turquie. C’est ainsi que l’Armenian National Committee of America vient d’adresser une lettre au président Bush, lui demandant de s’exprimer avec plus de « clarté morale » concernant le génocide arménien, qu’il n’a toujours pas voulu nommer génocide lors de son discours du 24 avril dernier.
