106 années après le 24 avril 1915, date du début du premier génocide du XXème Siècle, la France a commémoré officiellement cette tragédie.
A Marseille, ce samedi 24 avril 2021, c’est rassemblés autour du mémorial du génocide, que les autorités préfectorales, militaires ainsi que les présidents des collectivités territoriales, de nombreux députés et sénateurs, le maire de la Ville et des élus, ont salué la mémoire des 1,5 millions de victimes arméniennes, déportées et massacrées par leurs bourreaux turcs.
Étaient notamment présents Juliette Trignat, sous-préfète, les députés, Alexandra Louis, Julien Ravier, Saïd Ahamada, les sénateurs, Guy Benaroche , Marie-Arlette Carlotti, Jeremy Bacchi et Stéphane Ravier, Michèle Rubirola, ancienne maire, adjointe auprès du maire de Marseille.
La cérémonie a débutée par des prières et la diffusion de l’hymne national arménien.
Julien Harounyan, le président du CCAF Sud a pris la parole en premier.
Après les salutations d’usage il s’est félicité que la République française rende un hommage à la mémoire des morts et aussi à celle des survivants en instaurant cette Journée nationale de commémoration du génocide des Arméniens.
« La France a fait honneur à son rang, nation des droits de l’homme » dit-il en citant Georges Clemenceau,Jean Jaurès et Anatole France qui avaient dénoncé les premiers massacres des arméniens sous l’empire Ottoman.
Le président a dénoncé avec force les campagnes de haines par les groupuscules nationalistes turcs qui organisent des chasses à l’homme anti-arménien dans certaines villes de France.
« UNE LOI POUR QUE TOUS LES GÉNOCIDES SOIENT SANCTIONNÉS » J.H
Prenant exemple sur la loi Gayssot qui protège la mémoire des victimes de la Shoah, Julien Harounyan a demandé le vote d’une loi qui protègera également la mémoire des victimes des autres génocides. « Une loi pour défendre les morts et protéger les vivants » dit-il.
A propos de la guerre en Artsakh, il a dénoncé la coalition turco-azérie qui affichait son désir de finir le travail de 1915 en voulant effacer des cartes une civilisation vieille de plus de 3000 ans.
« L’ARMÉNIE CE SONT NOS FRÈRES, CE SONT NOS SŒURS » B.P
Benoît Payan, maire de Marseille, a salué tous les Arméniens qui commémorent de part le monde ce 24 avril et l’importance de ces commémorations qui rappellent le sens profond des valeurs qui fondent notre patrie républicaine.
« La France s’est grandie en reconnaissant officiellement le génocide des Arméniens, elle s’est grandie en reconnaissant l’histoire d’un nationalisme génocidaire » dit-il en dénonçant la mécaniques mortifère organisée par les bourreaux turcs.
« L’OUBLI EST CRIMINEL » B.P
Le maire de la cité phocéenne a rappelé l’arrivée des premiers rescapés arméniens du génocide, devenus apatrides, qui débarquèrent sur les quais de la Joliette.
Venus par bateaux de Grèce, de Syrie, de Turquie ou encore du Liban, « C’est ici, à Marseille que ces gens simples et humbles ont façonnés leur nouveau foyer, leur chez-soi » dit-il.
« CE PAYS SANS LES ARMÉNIENS, N’AURAIT PAS ÉTÉ LA FRANCE » B.P
Benoît Payan a rendu hommage à Missak Manouchian et à Hrant Dink, tombés sous les balles de leurs ennemis, victimes de leur courage et leur engagement.
Le premier édile a insisté sur l’importance de lutter contre le négationnisme, affirmant que la Ville de Marseille, ville monde des réfugiés, des exilés et des condamnés, sera toujours auprès de ceux qui défendent les droits de l’Homme et la démocratie.
« NON ! COMMÉMORER UN GÉNOCIDE, CE N’EST PAS SE RÉFUGIER DANS LE PASSÉ » M.V
C’est par cette affirmation forte que Martine Vassal, présidente du Département et de la Métropole a interpellé l’assemblée.Elle a évoqué l’importance du devoir de mémoire et du travail d’enquêteurs du passé, que les historiens ont fait, pour fournir les éléments qui attestent de l’horreur du génocide.
Condamnant les campagnes de négationnisme, la présidente a salué la détermination des femmes et des hommes d’origine arménienne, et plus largement, la détermination de tous ceux épris de vérité et de justice qui ont permis la reconnaissance du génocide de 1915 à travers le monde.
Martine Vassal a exposé l’importance des lois qui sont des armes importantes dans la lutte contre ceux qui s’efforcent de travestir la vérité historique.
La présidente a qualifié la négation du génocide des arméniens à une atteinte et une transgression à ce qui fonde l’Homme et l’Humanité.
« C’est une lutte sans répit contre le déni politique érigé en mode de gouvernement » dit-elle.
Femme politique d’origine arménienne, fière de ses origines, riche de sa double culture, Martine Vassal prône les valeurs républicaines de la France.
Dans son discours, elle a cité une autre femme d’origine arménienne, issue comme elle d’une double culture, l’écrivaine et journaliste Valérie Toranian qui donnait dans un grand quotidien, sa définition du vivre-ensemble.
La journaliste évoquait Aznavour qui se disait 100% Français et 100% Arménien. La meilleure réponse aux identitaires et aux communautaristes obtus selon elle.
« Nos identités sont multiples, et la République est notre meilleure chance avec sa promesse universelle, laïque et démocratique » dit-elle.
Martine Vassal a déclaré qu’en commémorant le génocide, nous puisons dans les valeurs humanistes, l’énergie nécessaire pour faire vivre le modèle républicain qui nous unis.
« C’EST UN GRAND MOMENT D’ÉMOTION DE ME RETROUVER ICI À VOS CÔTÉS » R.M
Renaud Muselier, président de la Région Sud, a remercié et rendu hommage aux familles arméniennes rescapées du génocide qui dans cette région ont fabriqué, façonné, embellis, enrichis et magnifié la France.
Il a salué leur courage et leur intégration exemplaire en affirmant que leur voix ne résonnait pas seule, qu’elle était portée par tous ceux qui avaient la chance de les avoir. « Cette voix est portée par nous tous, il suffit de voir l’unité autour de vous. Notre voix collective dit , n’oublions pas » dit-il ému.
« LA FRANCE A SCELLÉE UN LIEN ÉTERNEL AVEC LES ARMÉNIENS » R.M
Dénonçant la politique négationniste d’Ankara, qui manipule, transforme l’histoire, le président déclare être auprès de ceux qui combattent pour la liberté, la fraternité, l’égalité, la justice et la reconnaissance.
Renaud Muselier a également mis sur le ban la Turquie et l’Azerbaïdjan qui ont mené une campagne de terreur en Artsakh, utilisant des bombes au phosphore blanc, des armes non conventionnelles et l’envoi de mercenaires djihadistes sur le front commun des abominations.
Le président de la Région Sud a fustigé ceux qui soutiennent le régime de Bakou, en affirmant qu’il sera toujours présent pour les combattre.
Allusion entre autres à Thierry Mariani, candidat RN, lobbyiste du clan Aliyev, qui se présente contre lui lors des prochaines élections régionales en juin prochain.
Thierry Mariani avait déclaré soutenir l’Azerbaïdjan lors du conflit au Karabagh.
Il est certain que la communauté arménienne, présente dans les 6 départements de la région prendra ses responsabilités pour faire barrage à l’ami d’Aliyev.
Le président a rappelé les nombreux engagements pris par son institution pour apporter sa solidarité aux Arméniens notamment en proposant une Journée nationale de solidarité pour l’Artsakh.
Cette journée symbolisera la fierté de la France d’avoir accueilli les enfants d’Arménie, devenu des enfants de France.
La commémoration s’est achevée après la diffusion de l’hymne national arménien et la minute de silence en hommage aux victimes du génocide avant les traditionnels dépôts de gerbes.
Alain Sarkissian
