Les détails de la proposition de la présidence finlandaise sur Chypre n’ont pas été dévoilés officiellement mais des éléments épars, de sources diplomatiques ou dans la presse, permettent de reconstituer ce plan qui veut empêcher une crise avec Ankara.
La présidence finlandaise a prévu une réunion de la dernière chance dimanche et lundi en Finlande pour discuter de ce plan avec les acteurs concernés, avant la publication le 8 novembre du rapport annuel de la Commission européenne sur les progrès de la Turquie.
LES PROPOSITIONS DE LA PRESIDENCE FINLANDAISE
Le plan finlandais prévoit la reprise du commerce direct entre l’UE et la République chypriote de Chypre du Nord (RTCN) via le port de Famagouste qui passerait sous supervision de l’UE.
Les Finlandais ont également proposé le transfert à l’ONU de la ville-fantôme de Varosha, banlieue de Famagouste, vidée de ses habitants chypriotes grecs, depuis l’invasion turque de 1974. Ces Chypriotes grecs, qui possèdent encore des biens dans la ville, ne pourraient malgré tout pas y retourner avant un temps encore indéterminé.
En échange de la levée de l’embargo commercial sur le nord de l’île, la Turquie ouvrirait quelques uns de ses ports aux navires chypriotes grecs, à qui elle refuse l’entrée malgré la signature en juillet 2005 d’un accord étendant son union douanière avec l’UE aux dix Etats membres entrés dans le bloc européen en 2004, dont la partie sud de Chypre.
L’ouverture de ces ports permettrait d’amadouer les responsables européens, dont plusieurs ont menacé la Turquie d’une suspension au moins partielle de ses négociations d’adhésion à l’UE commencées en octobre 2005.
LES REVENDICATIONS DES PARTIES CONCERNEES
Les dirigeants de la RTCN, uniquement reconnue par Ankara, réclament une levée « inconditionnelle » de leur isolement, comme promis par l’UE.
En 2004, après le « non » des Chypriotes grecs au plan du secrétaire général de l’ONU Kofi Annan sur la réunification de l’île, et l’entrée des Chypriotes grecs dans le bloc européen, l’UE s’était engagée à mettre en place des mesures commerciales en faveur de la partie nord qui avait voté « oui » au plan Annan. Mais les Chypriotes grecs ont, depuis, toujours mis leur veto à ces mesures.
La RTCN demande également une levée générale et pas uniquement commerciale de son isolement, soutenue sur ce point par les Turcs.
Ankara souhaite ainsi incorporer au plan finlandais une ouverture de l’aéroport chypriote turc d’Ercan (Nicosie-nord) aux vols internationaux, alors qu’aujourd’hui tous les vols de et vers Chypre nord doivent passer par la Turquie.
Nicosie réclame de son côté le retour à Varosha de ses « habitants légitimes », les Chypriotes grecs, comme élément indispensable à l’acceptation de tout compromis.