Clin d’oeil: Quand une radio de Moscou perd ses accents caucasiens

Se Propager

Dans la presse russe

Paris le 5 juin 2000-Armenews-Lorsque l’homme d’affaire russe d’origine arménienne, Tigran Karapétian, a annoncé au printemps dernier la fermeture de sa radio de Moscou « Pont rouge » pour cause de problème de financement, il a commencé à recevoir des appels coléreux le menaçant physiquement s’il ne « rallumait » pas la radio. Fort heureusement, les interlocuteurs anonymes n’ont jamais mis leurs menaces à exécution, mais la station, qui donnait des informations et des chants populaires des pays du Caucase, s’est tue après sept mois d’activité. Mais Karapétian n’a pas renoncé à créer un pont entre Arméniens, Azéris et Géorgiens. Il tente de trouver le financement nécessaire au redémarrage de la station ou à la vente de certains de ses programmes à d’autres radios de Moscou. Contrairement à d’autres métropoles occidentales, la très cosmopolite Moscou a donné très peu de place à ses minorités. On estime à 2 millions de personnes, dont un million d’Arméniens, la communauté caucasienne de la capitale russe. C’est cette niche que Karapétian a tenté d’utiliser quand il a commencé à émettre, l’année passée. Les groupes ethniques visés n’avaient pas à proprement parler de base médiatique à Moscou et les autres systèmes communautaires étaient également sur le déclin. « Nos centres culturels ne fonctionnent plus ou ont été transformés en restaurants » indique-t-il, en ajoutant que là, « il y a de la demande ». Vivant maintenant dans ce qui est devenue une capitale étrangère depuis l’effondrement de l’union soviétique, les Caucasiens se sentent victimes du comportement arbitraire de la police, d’un système d’enregistrement restrictif quant à leurs possibilités de déplacements et de droits sociaux très limités. La station de Karapétian avait, notamment, été créée pour les aider à trouver des solutions à ces problèmes. « Nous avons visé la dernière grande vague de migrants, ceux arrivés dans les années quatre vingt, ayant grandis dans le Caucase, nostalgiques et ressentant le besoin d’être aidés pour survivre dans une grande métropole ». La station, avec un staff également composé de ressortissants originaires du Caucase, diffusait des programmes sur la culture, l’histoire et les relations russo-caucasiennes en langue russe. L’un des programmes était animé par le chanteur géorgien Vartang Kikabidze. « Ca a été un succès phénoménal » se souvient Karapétian, avant d’ajouter que « le téléphone sonnait tout le temps » et que « les gens partageaient leur tristesse et leurs dédicaces ». La station avait été baptisée « Pont Rouge » en hommage à un village situé sur le fleuve Kura où les frontières arméniennes, géorgiennes et azerbaïdjanaises se rejoignent. Depuis plus de dix ans maintenant, les conflits ont divisé ces peuples. Mais quand la radio a organisé un concert de chanteurs Arméniens et Azéris, le Palais de la Jeunesse de Moscou, avec ses 2000 places, a affiché guichet fermé’Mais maintenant, les publicitaires ne viennent plus frapper à leur porte. « Nous avions une compagnie aérienne ainsi qu’un banque comme supports » dit Karapétian, en ajoutant que « nous payions 15 000 $ par mois pour rester à l’antenne, plus 200 000 dollars de licence d’émission et de dépenses d’équipements de départ ont été nécessaires». Un des problèmes qu’il rencontrait était que la radio émettait sur la bande AM alors que c’était la FM qui avait le plus de succès commercial et de publicité. Pour Vladimir Bogomolov, directeur de la publicité de la station de variété « Echos de Moscou », il est quasiment impossible de nos jours d’obtenir une licence FM. En théorie, dit-il, c’est un marché ouvert. « Mais pour chaque licence un véritable combat, qui n’est en réalité absolument pas ouvert ». Et il conclut qu’ils (les organisateurs de radios de groupes ethniques) « devraient soumettre un projet exceptionnel pour avoir une chance ». Achot Mkrytchian est le fondateur d’une radio arménienne de Moscou qui émet depuis plusieurs années maintenant. Il estime que les peuples de Transcaucasie sont trop différents pour avoir comme objectif se soutenir une radio communautaire. « Il n’y a rien qui unisse ces gens pour l’instant. Il est donc difficile à ce type de radio de recueillir un large écho » indique-t-il, en ajoutant que les exemples de radios arméniennes créés en France ou aux Etats-Unis ont eu davantage de succès commercial. Mais, revenant sur le concept de la radio « Pont Rouge » Karapétian pense que la radio a encore un avenir. Pour lui, il n’est un secret pour personne que « les Caucasiens sont impliqués dans le commerce ici » et que « nous pourrions obtenir de l’argent des marchés et négocier avec des négociants en production. Je vois des perspectives intéressantes. J’ai toujours dit que cette idée mourrait lorsque je mourrais ! ». Pour l’instant, Karapétian est très occupé. Il prépare une nouvelle affaire. En avril, il a rencontré des investisseurs étrangers intéressés pour un projet de radio commun. Si ça ne marche pas, il proposera certains de ses programmes à des radios commerciales de Moscou . Les radios de la capitale russe vont encore longtemps avec des accents caucasiens.. .

Le Journal de Russie par Sergei Sergeyev

Traduit par Serge Armagan

raffi
Author: raffi

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut