Communiqué de presse du Front pour les droits et les libertés :Nouvelle tentative de lynchage en Turquie

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7 novembre 2005 – Les tentatives de lynchage contre les militants de droits de l’Homme ont recommencé en Turquie

Le 2 novembre 2005, dans la ville septentrionale de Rize, un groupe de membres de l’Association des familles des détenus politiques (TAYAD) a été attaqué pour lynchage lors qu’ils se rendaient à un cimetière de la région pour rendre hommage à deux sœurs décédées en 2001, des suites de leur grève de la faim contre les prisons de type F.

Peu avant le lynchage, la police a barré la route de cinq membres de TAYAD en leur disant: « Il va y avoir de la provocation. On va vous réduire en bouillie… »

Malgré les menaces, les membres de TAYAD se rendent au cimetière et fleurissent la tombe des deux sœurs défuntes et puis, retournent vers leurs véhicules silencieusement pour retourner chez eux.

Dans un communiqué, le Front pour les droits et les libertés (HÖC) accuse les autorités gouvernementales d’avoir incité les groupes extrémistes à attaquer ces visiteurs pacifiques:

« Leur convoi sera arrêté exactement huit fois sur leur chemin du retour, non pas par des lyncheurs mais par la police. Sans la moindre raison, la police tente d’arrêter les membres de TAYAD. Les membres de TAYAD refusent. C’est là que la police fait appel aux lapidateurs.

« A chaque arrêt forcé par la police, les lyncheurs sont au rendez-vous et attaquent les membres de TAYAD. En bref, comme le dit l’association TAYAD dans son communiqué qui suivit le lynchage de Trabzon: ‘les provocateurs et les show men qui ont déclaré avoir sauvé les lynchés sont les mêmes: la police’.

« La presse et le gouvernement laissent entendre que les lyncheurs sont ‘le peuple’ alors qu’il s’agit de meutes réactionnaires encadrées par la police, le parti fasciste d’action nationaliste MHP (le parti des « loups gris ») et le parti AKP.

« En tout cas, la responsabilité politique de l’agression appartient à l’AKP. Il n’est aucunement question de réactions spontanées mais bien d’une provocation étudiée.

« Gouverneur, police, magistrature, maire, député… et gouvernement AKP: Tous cautionnent ces pratiques et protègent les assaillants. Voici leurs déclarations après la tentative de lynchage:

« Halil Bakirci, maire AKP de la ville de Rize: ‘Si j’avais su que c’étaient eux, moi aussi je les aurais battus. La prochaine fois, cela ne se passera pas comme ça. Ils ne s’en sortiront pas à si bon compte.’

« Abdülkadir Kart, parlementaire AKP de la ville de Rize: ‘Ils ont eu une bonne leçon. Ils n’oseront plus revenir.’

« Enver Salhiolgu, gouverneur de la ville de Rize: ‘C’est le groupe de TAYAD qui a excité les gens… Ce sont eux qui ont énervé nos citoyens.’

« Les policiers de la direction de la Sûreté de la ville de Rize: ‘On va vers la provocation. Vous allez finir en bouillie.’

« ‘Les gens de la Mer Noire sont fidèles au drapeau et au Coran’ disait le maire de Rize au lendemain du lynchage des membres de TAYAD. Or, ce n’est que de la pure démagogie car les membres de TAYAD n’ont fait que visiter un cimetière et fleurir les tombes de deux sœurs. Donc, rien à voir avec un quelconque irrespect « envers la nation, le drapeau ou le Coran ».

« Après les évènements, pas un seul des centaines d’agresseurs n’est arrêté. Qui plus est, le procureur de Rize déclare en pointant les victimes des lynchages comme ce fut le cas durant d’autres attaques de ce type: ‘puisque nos citoyens ont été provoqués, il faut qu’une enquête soit menée contre les auteurs’.

« Mais qu’est-ce donc pour une justice? Quelle est donc la loi que cet Etat applique ?

« Même d’après le Code pénal turc, on a là à faire à des coups et blessures, à de la violence et de la contrainte, à des menaces, à des violations de droits démocratiques élémentaires, il y a rébellion face aux forces de l’ordre, il y a des blessés, il y a des actes de vandalisme et des véhicules réduits à l’état d’épaves…

Les campagnes de lynchages visant les manifestants pacifiques durent depuis exactement sept mois. De Trabzon à Sakarya, d’Eskisehir à Bozüyük, de Kayseri à Rize… Les agressions sont applaudies par le pouvoir, l’état-major, la police et la magistrature. Camoufler leur rôle dans les lynchages revient à se faire complice de leurs crimes.

« Lorsque le gouverneur déclara que ‘la police était parvenue à empêcher que les événements dégénèrent’, la presse a déclaré à l’unisson que les membres de TAYAD avaient été ‘sauvés par la police’…

« En réalité, ce qui s’est passé à Rize ne doit étonner personne. Car la culture du lynchage ne fait pas partie de la culture d’une poignée de rustres mais bien des dirigeants de ce pays.

« Les lynchages ont commencé à Trabzon en avril dernier et n’ont plus cessé depuis

« Dès le début de cette chaîne de lynchages, nous avions démontré qu’ils n’étaient pas indépendants de l’AKP et des forces de l’Etat. Car il est plus que curieux que malgré ses dizaines de réseaux de renseignements, l’Etat ne serait pas parvenu à empêcher un seul lynchage. Pire, il a encouragé la concentration des agresseurs et les a lui-même galvanisés.

« Dans ce pays, les actes de lynchages ne sont certainement pas un phénomène nouveau. Depuis le pogrome des 6 et 7 septembre 1955 (qui a visé les minorités grecques et arméniennes d’Istanbul et d’Anatolie) à nos jours, toutes les provocations ont été organisées par l’Etat. C’est cette mentalité du lynchage qui a embrigadé ces meutes de barbares à pratiquer le lynchage.

« Dans un pays dirigé avec une telle mentalité, il ne peut y avoir ni de justice, ni de respect du droit. Si nous ne voulons pas une justice de papier, nous devons refuser de vivre sous un régime pareil. »

raffi
Author: raffi

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