L’assassin présumé de Hrant Dink a été arrêté. Nous attendons des autorités turques qu’elles fassent toute la lumière sur ce meurtre et qu’elles mènent un combat résolu contre toutes les expressions de haine antiarménienne qui peuvent encourager de tels crimes.
La mort tragique de Hrant Dink est une perte immense, irréparable. Son courage, son intelligence, son charisme avaient fait lever un grand espoir. Pour la première fois depuis quatre-vingt ans, une voix arménienne s’élevait d’Istanbul, d’où l’ordre de génocide avait été donné, pour rappeler cette mémoire douloureuse et bafouée.
Cette voix résonnait fort en Turquie. La personnalité de Hrant Dink attirait à elle de nouvelles générations d’intellectuels et de citoyens turcs. Malgré les poursuites et les menaces, il lançait un pont, ouvrait un avenir différent, de justice et de paix.
Son assassin, ses complices éventuels, ne l’ont pas supporté. Ils ont voulu détruire l’espérance en étouffant la parole de Hrant Dink. Le gouvernement turc aurait dû protéger comme la prunelle de ses yeux un homme qui forçait le respect, recréait un lien entre les communautés et lui offrait une chance unique de rachat. Il ne suffit pas qu’il transforme Hrant Dink en symbole de la démocratie à titre posthume, il faut qu’il fasse très vite de la reconnaissance des fautes passées une part de l’identité turque contemporaine ; c’est le seul moyen de désarmer la haine nationaliste.
L’espoir a perdu la figure de Hrant, son charme, sa sensibilité. Mais il n’a pas été tué. En Turquie et dans le monde, ce choc rassemble bien au-delà des amis de Hrant Dink. Solidarité Franco-arménienne s’engage, pour sa part, à agir dans la fidélité à son héritage de liberté, de vérité et de courage politique.
Paris, le 21 janvier 2007
