Paris, le 21 juillet 2018
Mesdames, Messieurs,
Nous, résidents de la Maison des Étudiants Arméniens de la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP) , avons dénoncé, le 24 mai dernier, la situation anxiogène et très inquiétante de la Maison, dans une longue lettre de 12 pages forte de ses annexes et preuves à l’attention du Président de la CIUP, du Directeur Général, des membres du Conseil d’Administration de la CIUP, de la Fondation privée Marie Noubar, de l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance (UGAB France) et de Mme Leyloyan, Directrice de la Maison. Dans cette lettre, nous dénoncions le caractère urgent de la situation et expliquions les raisons qui nous avaient poussés à saisir les plus hautes instances, et ce de manière non anonyme, courant le risque de représailles.
Les conditions de vie au sein de la Maison sont intenables pour la majorité des résidents et ceux-ci dénoncent les abus et manquements de la Direction aux valeurs de la Cité internationale. Victimes de harcèlement moral, intrusion dans la vie privée, menaces verbales récurrentes, injures, remarques déplacées, intimidations, mensonges et de sentiment d’abus de pouvoir, les étudiants demandaient dans cette lettre très détaillée, que la Directrice soit démise de ses fonctions. Aussi, à cette lettre avait été jointe une pétition signée par 69 résidents et anciens résidents montrant que la démarche n’était pas un simple caprice de la part d’étudiants brillants. Ces derniers venus de tous les coins du monde afin de réussir leurs études et de construire un avenir professionnel étaient alors contraints de subir cette situation au sein de la Maison en parallèle avec leurs examens.
Les moindres bruits dans les couloirs sont pour la Directrice un moyen de menacer les résidents et surtout les étudiants les plus précaires, de les expulser de la Maison. Lorsque nous, les résidents, avons essayé de discuter pacifiquement avec elle de l’ensemble de ces abus (dont une liste absolument non exhaustive est présentée plus haut), la Directrice a ignoré explicitement ces allégations et n’a montréaucun effort d’intégration. Quid de tous ces étudiants venus d’ailleurs mais s’évertuant à trouver à la Cité un peu de chaleur, une famille, des amis, un havre de culture, mais aussi de paix.
Le 19 juin, les membres du Comité des Résidents ont été convoqués par le Directeur de l’Hébergement de la CIUP afin de discuter et d’exposer les thèses en présence de la Directrice de la Maison. Toutefois, nous soulignons avec regret qu’aucun entretien n’a été proposé avec les membres du Conseil d’Administration, à qui pourtant la lettre était destinée. Les membres du Comité ont alors réitéré les abus et manquements de Mme la Directrice au cours d’un long entretien. Le Directeur de l’Hébergement, a pu constater que les membres du Comité, représentant les étudiants de la Maison avaient en leur possession des témoignages des abus mentionnés dans la lettre, certifiés sur l’honneur. Aucune prise en considération n’a été retenue de la part du Directeur qui n’a pas souhaité ne serait-ce que lire ces derniers. En revanche, les solutions incohérentes et non proportionnées qui furent proposées par celui-ci témoignent d’une écoute très fébrile de la CIUP, que nous regrettons une énième fois.
Dans un premier temps, il fut proposé de renforcer les effectifs de l’accueil de la Maison, alors que les étudiants n’ont jamais dénoncé quelconque ennui avec celui-ci mais qu’ils insistaient sur les abus commis par la Directrice depuis ces trois dernières années.
De plus, il a été proposé aux résidents « de cesser de sur-interpréter et d’être paranoïaques », ce qui illustre le mépris porté à l’égard des signataires de la lettre, de leurs inquiétudes et de leur peur.
Enfin, la solution finale fut celle de rencontrer individuellement la Directrice dans son bureau afin de discuter avec elle des problèmes soulevés. Notons à ce titre, qu’une telle démarche avait été exercée par plusieurs résidents, à laquelle aucune suite n’avait été donnée, ce pourquoi ces mêmes résidents ont entrepris l’écriture d’une lettre. Nous soulignons d’ailleurs, que la Directrice, malgré la politesse affichée des résidents, ne les salue plus et les ignore complètement. Comment imaginer une prise de rendez-vouset, qui plus est un potentiel dialogue, dans de telles circonstances ?
Il a été enfin proposé aux membres du Comité de se réunir à nouveau avec la Directrice fin juillet, quand bien même, il était clair et évident que la plupart d’entre eux ne seraient déjà plus à Paris, et que, pour des raisons affichées ci-dessus, une telle réunion se montrait d’une difficulté particulière.
Le 22 juin dernier, le Conseil intérieur de la Maison s’est réuni en présence des membres de la CIUP – de l’adjointe de la Déléguée Générale, du Vice-Recteur des Universités, du Directeur de l’hébergement, du monde universitaire – M. Tigran Yegavian et Anait Donabédian (tous deux des amis proches de la Directrice), des représentants des mécènes – La Fondation Marie Noubar et de l’UGAB, de la Présidente du Comité des résidents ainsi que la Vice-Présidente et enfin, la Directrice de la Maison. Au cours de cette réunion, la règle la plus fondamentale dans une société démocratique qui est celle du débat contradictoire et de l’impartialité a été violée puisque les propos de la Présidente du Comité ont été fort peu, voirepas du tout écoutés. Une lettre signée par l’intégralité des Directeurs de Maison a été présentée, soutenant la Directrice et ses actions, alors qu’il est indispensable de souligner qu’aucun n’a rencontré les membres du comité ou les résidents de la Maison, pour comprendre leur démarche, leur parler, et faire honneur au débat contradictoire. Un livre a été présenté par la Directrice dans lequel il est affiché les rares événements réalisés à la Maison cette année, par le Comité des résidents, qu’ils ont parfois pu organiser – tel qu’un simple brunch dominical – avant qu’ils ne soient eux-mêmes interdits alors que l’événement avait été un succès.
Le 27 juin 2018, une énième lettre a été envoyée au Président de la Cité internationale universitaire de Paris, M. Jean Marc Sauvé, qui expliquait à nouveau la situation, mais à la suite de laquelle aucune réponse n’a été encore donnée. Aussi, à ce jour, aucun des destinataires tels que les membres du Conseil d’Administration de la CIUP, de la lettre du 24 mai n’a rencontré les résidents, ni donné de réponses face aux abus dénoncés.
Le 16 juillet dernier, 16 résidents de la maison, tous signataires de la lettre et de la pétition, ont reçu un courriel de rejet de leur admission pour la prochaine rentrée universitaire, sans motif affiché. Ces derniers ont tout simplement été virés de la Maison.
Aujourd’hui nous déplorons avec regret cette situation, et nous invitons la communauté arménienne de France, à constater ces abus et ces représailles exercés, touchant des étudiants brillants, venus en France poursuivre leurs études, et usant de leur liberté d’expression, en toute impunité.
En espérant que cette lettre vous permette de mesurer justement la situation, veuillez bien vouloir agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de notre plus haute considération.
Les résidents de la Maison des Étudiants Arméniens