Un an avant l’échéance des présidentielles en Arménie, chacun pensait au scénario du pire.
Celui-ci, lamentable, est arrivé.
Qu’est-ce donc qu’une campagne électorale où tous les moyens sont grossièrement détournés par le pouvoir ?
Ce rapt illégal du temps de parole et d’une information un tant soit peu objective durant la campagane électorale, constituait déjà, avant que le sang ne coule, un état d’urgence avant la lettre. L’unique provocation, le seul « aventurisme » sont le fait d’une telle campagne officielle.
En Arménie, les électeurs n’ont qu’un seul droit : celui de perdre les élections, d’être privés de la moindre chance d’être représentés sur la base de leurs opinions. S’ils expriment autre chose que la soumission, ils sont pourchassés, torturés et matraqués.
L’arithmétique des urnes, avec son cortège de violations, n’est que le révélateur secondaire d’un Etat discrédité et en voie de dégénérescence usant d’un coup d’Etat caché pour se maintenir.
Par leur refus d’accepter ce rapt, par la rupture violente d’avec la fausse conscience qui les liait jusqu’ici à la fatalité, par leur irruption sur la scène politique, ces électeurs marquent un nouveau départ vers un autre Etat et une autre société.
Le CRDA se place aux côtés d’une grande opposition qui en se construisant saura écarter l’équipe qui vient d’être reconduite. Celle-ci a perdu la légitimité déjà fort discutable qu’elle s’était forgée durant les années précédentes.
Le peuple arménien, une fois de plus, par ses contradictons historiques spécifiques, cristallise la pointe acérée du mouvement de l’histoire politique de toute la région…
Le 1er mars 2008
