Aujourd’hui est un jour historique pour l’Arménie. Depuis son indépendance le 21 septembre 1991, pour la première fois sont organisés des élections libres, justes et qui sont le reflet de la volonté du peuple. Il y aura un avant et un après « 9 décembre 2018 ».
Cette étape cruciale pour l’établissement de la Démocratie en Arménie vient parachever la deuxième phase de la révolution de velours initié par un homme, Nikol Pachinian, en avril 2018, qui a rencontré une adhésion aussi inattendue que spontanée, massive et populaire du peuple d’Arménie.
C’est bien le peuple qui a mené la révolution, c’est sa victoire, et il sait à présent que son destin est entre ses mains. Il a retrouvé une dignité piétinée par de trop nombreuses inégalités et injustices sociales.
Mais Nikol Pachinian a su incarner cette révolution populaire, la canaliser, éviter tout débordement et conduire les changements sans violence, un tour de force aussi habile que risqué dont l’issue n’était pas prévisible, et dont il était le seul capable, à ce moment-là, de réaliser. Il faut bien le reconnaître. Car au moindre débordement, c’est lui qui aurait endossé, seul, toute la responsabilité. A cet égard, il est entré dans l’histoire contemporaine de la République d’Arménie.
Il faut aussi reconnaître que Serge Sarkissian en évitant l’utilisation de la force pour rétablir l’ordre, préférant démissionner, a pris sa part dans la manière dont s’est déroulée cette révolution. Mais avait-il réellement le choix tellement le mouvement était massif ? Son prédécesseur n’en a pas fait autant le 1er mars 2008, faisant 10 victimes, 7 parmi les manifestants et 3 côté force de l’ordre. Robert Kotcharian en paiera certainement le prix fort.
Il s’est passé 8 mois entre la première phase de la révolution, c’est-à-dire du début de la marche de Nikol Pachinian jusqu’à son élection en tant que premier ministre le 8 mai 2018, en passant par la démission de Serge Sakissian le 23 avril 2018, et la deuxième phase, c’est-à-dire depuis la tentative des contre-révolutionnaires de compliquer la tenue d’élections législatives anticipées par le vote d’un amendement, en catimini, faisant de nouveau descendre dans la rue des dizaines de milliers de manifestants le 24 octobre 2018, et que le président Armen Sarkissian refusera d’approuver.
Critiquer Nikol Pachinian, durant cette phase de 8 mois hautement sensible, pouvait paraître comme une tentative de faire basculer l’opinion en Arménie ou en Diaspora, ou les deux. Pourtant nombre de ces voix n’étaient pas des contre-révolutionnaires, qui eux, avaient pour seul intérêt de maintenir un système qui leur a profité de trop nombreuses années.
Si le moment était mal choisi, ces critiques constructives et non partisanes étaient, sont et seront la base de la Démocratie naissante en Arménie et l’expression d’un amour envers l’Arménie, ses habitants et la nation arménienne éparpillée aux quatre coins de la planète.
Cette critique constructive doit pouvoir pleinement s’exprimer aujourd’hui car la situation politique est dorénavant stabilisée, le peuple a parlé, le danger du retour des contre-révolutionnaires est totalement exclu, et ceux qui ont une approche sincère et désintéressée, c’est-à-dire l’écrasante majorité des arméniens, doivent participer à la construction de la nouvelle Arménie.
Vive la République Arménie
Vive le peuple Arménien
Vive la VOX POPULI
A Paris, le 10 décembre 2018.
Parti Social Démocrate HENTCHAKIAN