Conférence à l’Hôtel de ville

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Le 24 avril, comme tous les ans désormais, l’Hôtel de ville a commémoré le génocide des Arméniens. Pour cette cérémonie, une conférence consacrée à la mémoire du génocide, au soutien et à la solidarité avec l’Arménie et le Karabagh a été organisée dés 10h 30 du matin devant une salle comble.

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Elle s’est déclinée en trois tables rondes animées par Anouch Toranian, adjointe à la Maire de Paris en charge de la vie associative, de la participation citoyenne et du débat public.

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Dés les premières minutes de son discours introductif, Arnaud Ngatcha, adjoint à la Maire de Paris en charge de l’Europe, des relations internationales et de la francophonie, a dit avoir une pensée pour les Arméniens du Haut-Karabagh bloqués et même enfermés depuis que l’Azerbaijan a installé un check-point dans le corridor de Latchine, le 23 avril. « C’est une honte, il faut agir avec toutes les forces possibles pour que cet enfermement finisse », a-t-il déclaré avant de revenir sur le lien fort qui existe entre la mairie de Paris et les Arméniens depuis des années.

Première table-ronde « Punir la négation du génocide des Arméniens »
Intervenants : Haroutioun Kevorkian, historien, directeur et rédacteur de la Revue d’Histoire arménienne contemporaine; Vincent Duclerc, historien, chercheur titulaire à l’Ehess et auteur du rapport « La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi (1990-1994); Ara Toranian, directeur des Nouvelles d’Arménie Magazine et coprésident du CCAF.

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Haroutioun Kervorkian a expliqué l’attitude de la Turquie aujourd’hui par « l’absence de punition » des criminels après la Première guerre mondiale. « La Turquie a gardé le syndrome génocidaire.» La création de la République turque, rappelle-t-il, repose sur les cadres Jeunes Turcs. C’est eux qui ont bâti la Turquie contemporaine. Kemal n’a pas fait partie de ces cadres qui ont pris part au génocide en revanche, après sa prise de pouvoir, il a adopté le discours officiel du déni qui perdure jusqu’à aujourd’hui. Et même si Erdogan est élu le 14 mai, ce processus de négation va continuer, conclue-t-il.

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Vincent Duclerc est revenu sur la nécessité pour les chercheurs de travailler sur le temps long ce qui permet de mettre en lumière toutes les phases qui conduisent au génocide et pas uniquement son paroxysme. Cette meilleure connaissance de ces crimes permet aussi d’agir sur le présent et de prévenir une nouvelle catastrophe. L’historien a d’ailleurs annoncé la création d’une « task force » sur le génocide.

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Ara Toranian a pointé la contradiction majeure qui existe entre la représentation démocratique du pays qui a dit la nécessité de pénaliser le génocide et ce à plusieurs reprises et le Conseil constitutionnel, notamment présidé par Jean-louis Debré, qui a retoqué ces diverses lois. Il a aussi souligné la force des lobbys turco-azéris qui continuent à sévir dans toute la société. Y compris à travers la communauté turque en France, qui, rappelle-t-il, a voté massivement pour Erdogan. Cette question de la pénalisation demeure mais d’autres priorités – la situation en Arménie et Artsakh – mobilisent actuellement les Arméniens.

Deuxième table-ronde : « Le combat de l’Artsakh et de son peuple »
Intervenants : Hovhannès Guévorkian, représentant de la République d’Artsakh en France, Nadia Gortzounian, présidente de l’UGAB France et de l’UGAB Europe, Mourad Papazian, président du groupe MediaSchool et coprésident du CCAF.

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Hovhannès Guévorkian a décortiqué les racines de l’arménophobie systémique qui existe en Azerbaidjan. Il ne faut pas oublier que, d’une part, l’Etat azerbaidjanais est une création artificielle et que le peuple azerbaidjanais n’a pris ce nom qu’en 1936. D’autre part, souligne-t-il, toute nation a besoin d’un père. Ca a d’abord été Heydar Aliev, puis son fils Ilham. Et , la dynastie des Aliev, pour renforcer son pouvoir, encourage l’arménophobie. Enfin, interrogé sur les perspectives de paix, il a rappelé que la paix et la démocratie se défendent avec des armes, pour preuve les envois d’armements à l’Ukraine sans lesquels Kiev serait tombé depuis longtemps. La communauté internationale doit s’opposer à l’épuration ethnique au Haut-Karabagh cela suppose qu’elle reconnaisse la république de l’Artsakh et qu’elle sanctionne l’Azerbaidjan sans oublier de faire libérer les prisonniers dont personne n’a de nouvelles depuis 2020.

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Nadia Gortzounian est revenu sur l’implication de son organisation en Arménie expliquant également le rôle moteur de la diaspora dans ce travail. Elle note également la forte mobilisation de jeunes qui s’impliquent bénévolement. Elle est revenue enfin sur le rôle important de l’association Santé Arménie notamment dans le Siounik.

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Mourad Papazian a analysé le panturquisme qui sévit en Turquie et en Azerbaidjan précisant que ce projet s’était intensifié avec l’arrivée d’Erdogan aux commandes du pays. Le but du neo-sultan est, dit-il, de se faire réélire le 14 mai et et de renforcer la position de la Turquie dans le monde. La Turquie veut peser, entre autres, en Europe, elle n’a pas renoncé à entrer dans l’U.E., et se sert pour cela de ses communautés qu’il instrumentalise. Elle dirige, par exemple, aujourd’hui l’islam de France. Concernant les Arméniens, le but in fine d’Ankara et Bakou c’est d’anéantir l’ensemble des Arméniens. En conclusion, Il a repris la proposition que les coprésidents du CCAF avait faite à Emmanuel Macron le 23 janvier dernier d’organiser un convoi humanitaire en Artsakh, et l’a soumise à Anne Hidalgo.

Troisième table-ronde n°3 « Soutenir et aider l’Arménie face aux agressions extérieures »
Intervenants : Hasmik Tolmajian, amabssadrice d’Arménie en France, Arnaud Ngatcha, adjoint à la Maire de Paris en charge de l’Europe, des relations internationales et de la francophonie, Frédéric Encel, docteur en géopolitique, maître de conférence à Sciences Po Paris, fondateur des Assises du négationnisme.

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Hasmik Tolmajian a insisté sur le lien fort entre 1915 et 2023 notamment parce que les bourreaux n’ont pas été condamnés et que les événements ont été mal nommés. Elle a rapprlé également que la Nachichevan était composé d’une majorité d’Arméniens avant que l’Azerbaidjan ne les en expulse sans être condamné par la communauté internationale ce qui laisse présager de ce qu’il pourrait advenir de l’Arstakh. « En ce jour de commémoration, il faut prévenir un nouveau crime de génocide. On doit tout faire pour que l’on ne dépose pas des fleurs pour les 120 000 Arméniens de l’Artsakh. Si on veut dire plus jamais cela, alors il faut agir maintenant… On souhaiterait que nos amis nous défendent là où nous ne pouvons pas le faire. »

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Arnaud Ngatcha a passé en revue les temps forts de ses engagements en faveur des Arméniens rappelant la nécessité de trouver « un chemin politique dans un cadre légal » pour permettre aux municipalités qui le désirent de venir en aide aux villes d’Artsakh ou d’Arménie. Cela suppose une volonté politique dont la maire, conclue-t-il, ne s’est jamais départie.

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Frédéric Encel a dressé un constat terrifiant : l’Arménie a un privilège exceptionnel. Elle conjugue deux situations extrêmes difficiles qui sont d’une part la solitude stratégique et, d’autre part, l’absence géographique, de tout allié potentiel. A part l’Iran qui, ajoutet-il, est lui-même étranglé par les sanctions internationales. O n’arrête pas un génocide par le soft power, a-t-il martelé. « Mais rien n’est jamais perdu. La défaite est la représentation que l’on est vaincu. Je ne doute pas qu’au regard de la résilience arménienne, il y aura une victoire. »

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Après un mot de conclusion de Mourad Papazian puis d’Ara Toranian, la maire de Paris a clôturé cette matinée en rappelant l’amitié et l’engagement de Paris. Retraçant la Guerre des 44 jours et les différentes agressions de Bakou contre le peuple arménien, elle a insisté sur le fait qu’il « nous fallait agir pour que l’on parle de l’Arstakh et mobiliser les opinions publiques. » La maire de Paris a réaffirmé la force de la « diplomatie des villes qui doivent faire bouger les lignes dans le cadre de l’Etat de droit, un Etat de droit qui est aussi une interprétation. » Elle affirme vouloir travailler sur l’idée de ce convoi humanitaire international et critique la position complaisante de l’Europe face à Bakou.

Photos Lydia Kasparian

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capucine
Author: capucine

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