Hayastani Hanrapetoutioun, Hayots Achkhar, Azg, Golos Arménii et Novoyé Vrémia accordent une abondante couverture à la conférence de presse du Président Kotcharian, consacrée notamment à l’évaluation des émeutes du week-end dernier qu’il a qualifiés de « coup dur porté à l’autorité internationale de l’Arménie ». Principaux thèmes évoqués :
Etat d’urgence- Le chef de l’Etat estime que l’état d’urgence décrété le 1er mars à la suite des désordres publics était une mesure indispensable. A défaut, le nombre de victimes aurait été significativement plus élevé et les conséquences pour le pays beaucoup plus lourdes si l’état d’urgence n’avait pas été imposé. Le Président a indiqué que les organes judiciaires tentaient actuellement de reconstituer les événements du 1er mars à la minute près, dans la mesure où c’était une démarche nécessaire afin de fournir une estimation juste des faits. Il a assuré que le service spécial d’instruction travaillait jour et nuit pour déterminer ce qui a eu lieu réellement. S’agissant des appels de la communauté internationale à mettre un terme à l’état d’urgence, le Président Kotcharian a indiqué qu’il ne voyait aucune raison d’y mettre fin, de le réduire ou de le prolonger. « Nous devons être sûrs que les désordres ne se répèteront pas. Aujourd’hui, nous n’en sommes pas sûrs vu que les instigateurs des troubles n’ont pas été localisés pour l’instant », dit-il.
Les principaux acteurs des émeutes- Le chef de l’Etat a divisé en trois groupes les principaux acteurs qui ont pris part aux émeutes : les organisateurs parmi lesquels il y avait des leaders très agressifs, dont le plus éminent est Nikol Pachinian qui poussait aux affrontements, et des gens, comme David Chahnazarian, qui tout en se rendant compte du fait que la situation devenait incontrôlable, tentaient de calmer la foule. Malheureusement la foule a suivi les leaders agressifs. Le deuxième groupe comprend ceux qui ont effectué des attaques contre les troupes policières, utilisant des armes et des explosifs. La responsabilité des morts retombe principalement sur ce groupe. Le troisième groupe comprend des manifestants pacifiques qui n’ont pas pris part aux attaques contre les policiers, mais qui ont activement pris part aux pillages des magasins. « Chacun doit recevoir le châtiment qu’il mérite, et en premier lieu les organisateurs de la manifestation ayant dégénéré en émeutes samedi », a-t-il ajouté. Robert Kotcharian s’est dit prêt à arrêter et emprisonner Levon Ter-Petrossian. Selon lui, beaucoup d’Arméniens pensent que l’ancien président devrait être puni pour ses actions d’opposition. « Imaginez que j’essaie de revenir au pouvoir dans cinq ans. De telles méthodes doivent être condamnées. Elles doivent être punies et c’est la loi qui le préconise ».
Dialogue avec l’opposition- Le dialogue proposé par les autorités à toutes les forces politiques, y compris à l’opposition, a été rejeté par les partisans de Levon Ter-Petrossian. Selon lui, presque tous les candidats ayant participé à la course électorale (à l’exception de M.Ter-Petrossain) ont accepté de participer aux négociations sur le futur gouvernement de coalition. Ter-Petrossian n’est pas disposé au dialogue. Il affirme que son appartement est la place de la Liberté d’où on doit le porter en triomphe vers la résidence présidentielle. Des déclarations pareilles bloquent toutes les possibilités de dialogue.
Le chef de l’Etat a balayé d’un revers de la main les informations selon lesquelles il a été interdit à Ter-Petrossian de sortir de son domicile le 1er mars et de rejoindre les manifestants. Ter-Petrossian a transmis au chef de l’Etat, via des agents du service de sécurité nationale qu’il souhaitait se rendre auprès de la foule afin de la calmer, le président Kotcharian lui a répondu qu’il était libre de ses actions, mais qu’il ne serait pas accompagné par son service de sécurité qui avait refusé d’accompagner l’ex-Président à des actions illicites. « Ter-Petrossian n’a pas eu le courage d’y aller sans ses gardes du corps, s’il se souciait de sa propre sécurité, il fallait qu’il se soucie aussi de celle des manifestants », déclare le Président Kotcharian, ajoutant qu’à sa réponse Ter-Petrossian avait réagi par un ultimatum révélant qu’il s’y rendrait pour diriger les manifestants vers la place de la Liberté pour poursuivre les rassemblements pour encore 15 jours. « Imaginez que cela arrive dans notre ville et que nous laissions les manifestations grossir dans les rues. La capitale deviendrait incontrôlable ». Le chef de l’Etat exprime par ailleurs sa perplexité face au refus de Ter-Petrossian de recevoir le Catholicos Karékine II, le jour des événements dramatiques, alors que ce dernier s’était rendu à son domicile. « Il est difficile d’imaginer que dans n’importe quel coin du monde un Arménien serait capable de renvoyer le Catholicos du seuil de son domicile ». Et d’ajouter que par ce geste, Ter-Petrossian a définitivement perdu toute chance de sortir de l’impasse avec dignité.
Interrogé sur l’intention de Ter-Petrossian de poursuivre son combat par le biais de nouvelles manifestations, le Président Kotcharian a exclu d’autoriser les rassemblements de l’opposition même après la levée de l’état d’urgence. « Notre réaction sera immédiate, dure, afin d’empêcher que de tels évènements ne se reproduisent », a-t-il dit.
Dispersion des manifestants – Les autorités n’avaient pas programmé l’usage de la force à l’encontre des manifestants de Ter-Petrossian. Les troupes policières se sont rendues sur la place de la Liberté pour des fouilles après avoir reçu des informations sur l’existence de munitions. La force a été utilisée après que les policiers ont rencontré une résistance furieuse.
Les activités de l’Ombudsman- Le Président Kotcharian s’en est pris à l’Ombudsman, Armen Haroutiounian, qui avait mis en question, dans une déclaration, la légitimité de l’usage de la force à l’encontre de manifestants pacifiques ce qui a engendré, par conséquent, des désordres publics et estimé que les autorités arméniennes doivent réponse à une série d’interrogations (cf. la revue du 4/03). Le chef de l’Etat affirme avoir tiré l’impression que « l’Ombudsman ne comprenait pas de quoi il parlait et ne maîtrisait point la situation, ses allégations sur l’usage de la force à l’encontre de manifestants pacifiques ne résistant à aucune critique ». Robert Kotcharian a ajouté, de surcroît, que la nomination d’Armen Haroutiounian à ce poste était « la décision la plus infructueuse dans sa politique de cadres ». « Il faut avoir un peu de responsabilité et se rendre compte que l’on n’était pas un fonctionnaire de Strasbourg, mais de l’Arménie ».
Accrochage au Karabagh- Les forces azerbaïdjanaises ont occupé un avant-poste arménien sur la ligne de contact, mais grâce à des actions opérationnelles le statu quo a été rétabli. La partie arménienne a deux blessés. Le Ministère arménien de la défense est entré en contact avec celui de l’Azerbaïdjan et un accord a été conclu pour arrêter l’échange de tirs. De toute évidence, l’Azerbaïdjan a décidé que la situation politique intérieure en Arménie a affaibli la vigilance des forces armées arméniennes, ou que des unités importantes auraient été déplacées en Arménie. La vigilance des forces arméniennes est toujours à la hauteur. Le chef de l’Etat estime qu’il n’est pas politiquement correct d’exploiter la situation intérieure à d’autres fins.
Ambassade de France en Arménie
Service de presse