La prochaine séance du séminaire de la Société des Etudes Arméniennes aura lieu le mercredi 15 mai 2019 de 18h à 20h, à l’INALCO – 65 rue des Grands Moulins, 75013 Paris, salle 4.17.
Conférence en collaboration avec le département Eurasie de l’Inalco d’Ozcan Yilmaz (Université de Genève), sur « Le nationalisme kurde, le génocide des Arméniens et sa reconnaissance« .
La « question arménienne » est à la fois une raison d’émergence et d’échec du nationalisme kurde. L’opposition aux revendications arméniennes joue un rôle fondamental dans l’émergence et l’évolution d’un nationalisme kurde. Mais, elle est aussi une raison de son échec lors de la dissolution de l’Empire ottoman. Le « danger » d’un Etat arménien en Anatolie, de l’intégration des territoires kurdes dans celui-ci et de la vengeance des Arméniens sera très habilement utilisé par les nationalistes turcs. Ayant fortement participé au génocide, les milieux conservateurs kurdes suivent le mouvement de Mustafa Kemal qui peut ainsi marginaliser le mouvement kurde et rendre caduc le traité de Sèvres prévoyant la création des Etats arménien et kurde.
Après une longue période de répression brutale, le mouvement kurde connaît un renouveau dans les années 1950 et devient, dans les années 1990, un mouvement de masse. A travers sa résistance, il fait partir en éclat le récit nationaliste turc sur le passé de la Turquie et met sur le devant de la scène les questions identitaires et des demandes pour la reconnaissance des crimes commis contre différents peuples. Différents mouvements, intellectuels, activistes et organisations kurdes acceptent et débattent la responsabilité des Kurdes dans le génocide des Arméniens et des Assyriens. Le mouvement se poursuit et se renforce dans les années 2000. Les partis politiques kurdes et les municipalités dirigées par des maires kurdes contribuent au renforcement de ce processus. A travers leurs actions et projets (restauration de certaines églises, proposition au Parlement d’une loi de reconnaissance du génocide, utilisation de l’arménien et de l’assyrien dans certaines municipalités…), ils remettent en question la politique de négation du génocide, rendent visibles les éléments d’un passé nié.
La conférence reviendra ainsi sur les relations arméno-kurde à travers l’impact de la question arménienne sur l’émergence et l’évolution du mouvement kurde et l’impact de celui-ci sur la politique négationniste, sur les possibilités et limites d’une reconnaissance du génocide dans l’espace kurde.